Deutsche Post nous fait les yeux doux


Fort implantée en Belgique, la poste allemande scrute les velléités de privatisation de La Poste belge.
A l’affĂ»t des opportunitĂ©s, elle se dit prĂȘte Ă  coopĂ©rer.

Pour le cas oĂč La Poste belge serait privatisĂ©e, Deutsche Post pourrait Ă©ventuellement coopĂ©rer avec elle. C’est ce qu’a assurĂ© Klaus Zumwinkel, patron de la poste allemande, Ă  la confĂ©rence de presse annuelle du groupe. «Nous observons ces tendances de privatiser la poste belge Ă  moyen terme», a-t-il ajoutĂ©, poursuivant que les deux postes coopĂšrent dĂ©jĂ  sur le plan du courrier, mais sont concurrentes concernant les colis express. De toute façon, la Deutsche Post est dĂ©jĂ  fortement implantĂ©e en Belgique avec sa filiale DHL qui lui appartient en totalitĂ©.

En tout cas, le groupe est tout Ă  fait dĂ©cidĂ© Ă  s’implanter sur les marchĂ©s voisins. Au Danemark, oĂč le Parlement dĂ©cidera prochainement de vendre Ă  un tiers un quart des parts de la poste danoise, la sociĂ©tĂ© allemande montre son intĂ©rĂȘt, confirme le prĂ©sident. On parle ainsi d’une incursion en Autriche.

«Nous sommes tout Ă  fait libres de nos dĂ©cisions et nous choisirons l’emplacement offrant les meilleures conditions Ă©conomiques», a lancĂ© Klaus Zumwinkel en commentant les plans de DHL d’agrandir ses capacitĂ©s de tri, soit Ă  l’aĂ©roport de Bruxelles, soit ailleurs. Il a rejetĂ© une prise d’influence du grand actionnaire qu’est l’Etat fĂ©dĂ©ral en faveur de l’aĂ©roport de Leipzig. Peter Kruse a poursuivi que, dans les conditions actuelles, DHL n’opterait pas pour Zaventem et qu’en ce moment la filiale examine «trĂšs en dĂ©tail» les candidatures de Vatry en France et de Leipzig en Saxe. Mais, s’est-il empressĂ© d’ajouter, si les autoritĂ©s belges modifient leur offre, Bruxelles peut encore l’emporter. En d’autres mots, la partie de poker continue.CotĂ© en Bourse de Francfort depuis novembre 2000, Deutsche Post World Net a pour ambition de devenir en 2005 le numĂ©ro un mondial de la logistique, «la Mercedes du secteur», comme le dit le prĂ©sident. Toujours en 2005, le groupe employant 383000 personnes dans 220 pays du monde veut rĂ©aliser un rĂ©sultat opĂ©rationnel Ebita de 3,6 milliards d’euros. Certes, en 2003, ce rĂ©sultat Ebita a Ă  peine variĂ©, montant seulement de 0,2 pc Ă  2,98 milliards, mais si l’on fait abstraction de facteurs exceptionnels, il a augmentĂ© de solides 30 pc.

En 2004, Deutsche Post envisage de faire progresser le rĂ©sultat Ebita de 5 Ă  10 pc. La division courrier, dont le monopole n’expirera pas avant 2007, dĂ©gagera un excĂ©dent de deux milliards comme dĂ©jĂ  l’an dernier, l’objectif Ă  moyen terme Ă©tant de garder le rĂ©sultat du courrier Ă  ce niveau Ă©levĂ©.

Les trois divisions de croissance sont l’express, qui doit hausser de 20 pc Ă  490 millions d’euros, la logistique, appelĂ©e Ă  croĂźtre 10 pc Ă  230 millions, et les services financiers (Postbank) de 15 pc Ă  un Ebita de 650 millions.

MARCEL LINDEN
CORRESPONDANT EN ALLEMAGNE
© La Libre Belgique 2004

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