Les options en vue d’atténuer les nuisances des riverains ne manquent pas. La concentration des vols prônée par Ecolo a déjà été renvoyée aux oubliettes.En ce qui concerne la dispersion, le fédéral devra faire un choix responsable.
Sorti des placards par l’ex-ministre des Transports, Isabelle Durant (Ecolo), sous la précédente législature, le dossier des nuisances sonores des avions de l’aéroport de Zaventem joue au yo-yo au gré des décisions politiques et des arrêts judiciaires. Il n’y a pas d’option idéale. Tour d’horizon des avantages et des inconvénients de différentes possibilités existantes.
1) La concentration des vols sur le Nord de Bruxelles (Noordrand).
C’est l’option défendue par les verts et que la ministre Isabelle Durant avait voulu mettre en place. Elle consiste en une utilisation de la piste 25 R et un survol du Noordrand (Nord de Bruxelles) au-dessus des
communes de Diegem, Haren, Neder-Over-Heembeek et de Grimbergen. L’avantage de cette option est qu’elle permet le survol de zones moins densément peuplées et rend possible la délimitation de zones d’isolation avec à la clé une insonorisation acoustique des habitations. Le montant du programme d’isolation avait même été chiffré
à environ 125 millions d’euros à financer par les opérateurs. Moins de 20000 personnes seraient, dans ce cas, touchées par les nuisances. Mais cette option est aujourd’hui enterrée par l’actuelle majorité.
2) La concentration des vols sur le Nord-Est
Cette option avait été évoquée mais n’a jamais été discutée, nous dit-on. Elle consisterait en une utilisation de la piste 07 L (la piste 25 R dans l’autre sens). A la clé, le survol des localités de Melsbroek et de Kampenhout. Dans un sens comme dans l’autre, l’échec de la concentration provient du fait
que l’idée avait d’une part été lancée alors que les avions les plus bruyants de DHL étaient toujours en activité (2002). D’autre part, les isolations n’ont pas été lancées dans la foulée, déclenchant ainsi la fronde des riverains du Noordrand plongés dans le calvaire du bruit.
3) La dispersion totale
C’est la formule défendue par le ministre Anciaux, qui défend l’idée que les habitants des communes riveraines de l’aéroport national doivent faire preuve de solidarité et dès lors tous prendre leur part de nuisances sonores. C’est ce qu’il appelle le principe de répartition équitable. Selon le plan Anciaux, elle se
traduit par une utilisation des trois pistes de l’aéroport dans les deux sens.
Zaventem, qui n’avait pas d’avions, hérite dans ce cas de 2 pc des nuisances tandis que l’Est de Bruxelles (Oostrand, communes de Wezembeek-Oppem, Woluwe-Saint-Pierre, Crainhem) accueille 14 pc des bruits d’avions. La zone de Perk, qui, actuellement, subit un pour cent des nuisances subit en fin de compte 5 pc. Avec le nouveau plan, les décollages de nuit au-dessus de Diegem, Haren et Bruxelles passent de
94 à 52,6 vols par semaine, affirme Bert Anciaux (Spirit). Selon les experts consultés par le ministre fédéral de la Mobilité, la dispersion des nuisances permet de réduire la charge que chaque riverain sera amené à supporter. Cependant, le ministre avoue lui-même que le programme d’isolation acoustique ne se justifie plus.
Par ailleurs, les riverains touchés seront plus nombreux et l’on avance facilement le chiffre de 300000 ersonnes. «L’un des points faibles du plan Anciaux est que la dispersion s’effectue la nuit et le week-end, des moments qui dérangent très fort les riverains», analyse un observateur proche du dossier. Il souligne que dans le fait de relativiser l’importance du vent principalement dans l’utilisation de la piste 02, la plus courte, Bert Anciaux fait une entorse aux règles de sécurité.
4) La dispersion limitée
Elle a été proposée en son temps par le médiateur fédéral francophone de l’aéroport, Philippe Touwaide. Il postule une utilisation de toutes les pistes dans les deux sens pour les décollages (au total six possibilités). Par conséquent, il répartit donc les 36 mouvements de nuit sur les trois pistes, ce qui fait 6 mouvements par piste.
L’avantage est que chaque zone survolée ne peut l’être que par 2 avions par nuit. Mais le point négatif, selon des observateurs, est que ce plan alternatif prévoit un moment neutre de pause (entre 2 et 3 heures du matin) entre les décollages et les atterrissages, ce qui limiterait
le développement de l’aéroport comme l’envisagent ses gestionnaires. Ici aussi, les isolations acoustiques des habitations s’avèrent impossibles et près de 300000 riverains seront dérangés.
5) La dispersion des vols vers l’Est
C’est l’option que propose actuellement Ecolo sur base d’une étude comparative concernant trente aéroports en plus de celui de Bruxelles-National («La Libre» du 5/03). Elle part du principe que la contrainte de capacité horaire minimale imposée durant de nombreuses années aux opérateurs actifs sur le site n’est plus d’actualité, notamment en raison de la disparition de la Sabena. Par conséquent, Zaventem apparaît comme un aéroport surdimensionné. Comme on ne sait pas utiliser les deux pistes parallèles 07 pour l’atterrissage car n’étant pas équipées de système de guidage, la configuration «Est» suggère l’utilisation de la piste 02 pour atterrir.
Elle introduit un système de compensation pour les habitants de l’Est de Bruxelles (Oostrand) en y cessant les décollages. D’après les experts, les avantages de cette option sont nombreux. Elle permettrait une réduction des nuisances sonores générées globalement par l’aéroport. La sécurité s’en trouverait améliorée. Mais impossible de
savoir le nombre de riverains qui subiront les nuisances. Mais il y a deux inconvénients: l’accroissement des atterrissages sur la piste 02, mais il devrait être atténué par le système des compensations. «D’autre part, l’autre inconvénient, et il est de taille pour les gestionnaires
de l’aéroport, c’est que le doublement du trafic aérien dont ils rêvent n’est plus possible. Mais l’option ne signifie pas non plus un plafonnement du nombre de mouvements au niveau actuel d’environ 250000 mouvements par an», dit un des experts ayant piloté l’étude.
Mais quelle que soit l’option choisie, il faudra impérativement tenir compte des critères objectifs que sont le cadastre réel du bruit et la densité de la population.
Johanna De Tessieres
© La Libre Belgique 2004