Chièvres dit non à la poubellisation

Les opposants à l’arrivée de DHL ne lâchent pas la pression. Samedi, ils manifestaient à Mons. Objectif : des assurances avant les élections de juin.

VALÉRY SAINTGHISLAIN

Après Chièvres, Brugelette, Bauffe et Lombise, les opposants à l’arrivée des avions cargo de DHL sur les pistes de la base US chiévroise ont étendu le périmètre de leurs actions. Samedi, 60 tracteurs décorés d’affichettes « A vendre » ont squatté la Grand-Place de Mons. Parce que les agriculteurs figurent en première ligne. Si un aéroport devait voir le jour à Chièvres, de nombreux agriculteurs devraient partir, assurent les responsables de l’ASBL Icare.

Francis, de Vaudignies, dirige une exploitation de 150 hectares à Louvignies. Je cultive une quinzaine d’hectares actuellement dans le périmètre de la base américaine. Et c’est de la bonne terre !

A ses côtés, Jean et Jean-Luc, deux « collègues » des champs, venus là pour sensibiliser l’opinion publique. Aussi parce que Mons est le fief de Di Rupo, le président du PS qui, en tant que mayeur, est sans doute concerné par l’explosion économique de sa ville si un aéroport civil voyait le jour à Chièvres.

L’intéressé, rencontré par les responsables de l’ASBL Icare le 30 janvier, leur aurait confié qu’il fallait composer avec un rapport de force national, entre les six millions de Flamands et les quatre millions de Wallons. Les opposants à DHL et à la transformation de la base aérienne en aéroport civil déplorent la prise d’otage d’une région, paralysée par la non-décision du gouvernement fédéral. Sur nombre de panneaux, le Premier ministre est brocardé. Tu réponds à DHL, accuse-t-on Verhofstadt, mais les citoyens attendent encore.

On jette une région de 25 entités représentant une population de 371.598 habitants dans le doute, accuse Baudouin Vendy, le porte-parole de l’association. Nous sommes d’accord pour de l’emploi mais sans les avions. DHL amènerait de l’argent facile à l’Etat. Mais il faut faire la balance entre les emplois créés, souvent délocalisés et précaires, et ceux qui passeraient à la trappe.

Alain Delbarre, le président d’Icare, préfère enclencher une stratégie de développement durable de la région, en étroite collaboration avec les autorités locales, les entrepreneurs de la région, à partir du potentiel actuel. Icare exige en tout cas des assurances formelles sur un abandon total par le fédéral de tout projet d’accueil de DHL à Chièvres et, plus loin, de toute transformation future des installations en aéroport civil. Une pétition vient d’être lancée et d’autres actions suivront, jusqu’aux élections du 13 juin. Et ce jour-là y compris, mettent en garde les Icariens.