WILLIAM BOURTON
Cherche-t-on à court-circuiter
l’accord politique de Petit-Leez ?
Poser la question comme le fait le ministre bruxellois de l’Environnement, Didier Gosuin (MR), c’est presque y répondre Cause de son courroux : la demande de permis d’environnement de Biac (l’exploitant de l’aéroport) auprès de la députation permanente du Brabant flamand.
Sur quoi porte cette demande de permis ? En fait, le ministre Gosuin a eu les pires difficultés à le savoir : ni le gouvernement flamand, ni le gouvernement fédéral, ni Biac n’ont accepté de lui transmettre copie de la demande de permis, pourtant à l’enquête publique (jusqu’au 29 février) dans quatre communes flamandes riveraines de l’aéroport. C’est « par la bande » qu’il en a obtenu une épreuve. Son contenu est étonnant !
Officiellement, Biac demande le renouvellement de son permis d’exploiter Bruxelles-National (arrivé à échéance) pour les vingt prochaines années. Mais avec modification des conditions d’exploitation, et non des moindres. Biac demande une dérogation à deux décisions prises par le précédent ministre flamand de l’Environnement, l’Agalev Vera Dua. La première fixe les quotas de bruit à respecter pour les décollages ; la seconde arrête à 25.000 le nombre de décollages nocturnes par an (chiffre par ailleurs coulé dans l’accord de coopération Etat-Régions du 24 janvier 2003) !
Gosuin dénonce le jeu de dupes. selon lui, Biac est en train de dérouler le tapis rouge à DHL, demandeur d’une extension à Zaventem. Si Biac obtient gain de cause, elle aura réussi à court-circuiter la décision du conseil des ministres de Petit-Leez, lâche-t-il. Pour rappel, le 16 janvier, le gouvernement violet avait décidé d’étudier, d’ici septembre, toutes les pistes pour cette extension : à Zaventem ou ailleurs en Belgique.
Au nom du gouvernement bruxellois, Didier Gosuin va saisir le conseil des ministres fédéral. Il n’exclut par ailleurs pas la possibilité, pour des habitants de Bruxelles, d’introduire des recours juridiques dans le cadre du respect de la directive européenne en matière d’études d’incidences. Il a enfin annoncé qu’un avocat avait été chargé de défendre les intérêts de la Région-Capitale dans ce dossier et qu’une enquête publique « bis » pourrait être organisée dans les communes bruxelloises qui le désireraient.
Dès hier soir, Schaerbeek a annoncé qu’elle comptait le faire.