Anciaux placé sous contrôle

Bert Anciaux cravache pour sortir un nouveau plan de dispersion des
nuisances en mars.
Mais tous les quinze jours, il doit faire rapport aux vice-Premiers.

ANALYSE
WILLIAM BOURTON

Le 16 janvier, à Petit Leez, les vice-Premiers ont décidé de placer le ministre de la Mobilité, Bert Anciaux (Spirit) sous « monitoring ».

Tous les quinze jours, il doit rendre compte, devant le conseil des ministres restreint (kern), de l’état d’avancement du plan de dispersion des nuisances sonores des avions de Bruxelles-National.

Prochaine escale : ce vendredi.

On nous assure que la mesure ne semble pas vexer outre mesure l’intéressé. En fait, le ministre semble obsédé par une seule chose : faire atterrir un nouveau plan à la mi-mars – pour rappel, le précédent, qui datait du 3 décembre 2003, a été retiré suite aux objections du Conseil d’Etat.
A quoi ressemblera ce plan « Anciaux-bis » ? Par rapport à la mouture de décembre, la philosophie générale ne changera pas : « dispersion » demeurera le maître mot. Ainsi, la logique qui prévalait à Bruxelles-National depuis 30 ans – à savoir décollages privilégiés sur
la piste « 25 R », la plus longue, avec repli sur la « 02 » en cas de vent arrière supérieur à 8 nœuds (12 nœuds depuis juin 2003) ou vent latéral supérieur à 25 nœuds – sera abandonnée. Dorénavant, toutes les pistes seront utilisées, de jour comme de nuit. Les cas de figure
seront différents chaque jour de la semaine ; on ira même jusqu’à changer de procédure au cours d’une même nuit

Pourtant, il faudra bien rencontrer les critiques du Conseil d’Etat. Pour rappel, celles-ci s’articulaient autour de deux points : la motivation des options gouvernementales et surtout la sécurité. Concernant ce second point, la mesure la plus significative sera l’interdiction de décollage depuis la « 25 R » par vent arrière de 5 nœuds et vent latéral de 15 nœuds. Une mesure qui entrera en vigueur dès ce 19 février.

Mais la juste répartition des nuisances sonores n’est plus le seul problème du gouvernement. Il doit également donner suite à la demande d’extension d’activités (nocturnes) de DHL. Quel que soit l’aéroport où elle développera son business, l’entreprise demande à pouvoir utiliser
simultanément deux (longues) pistes parallèles, exige le feu vert pour 34.000 mouvements nocturnes par an (alors que le plafond est fixé à 25.000 à Zaventem) et souhaite une autorisation d’opérer sans restriction horaire durant 30 ans. Et là, tous les experts sont formels : c’est rigoureusement incompatible avec le plan de dispersion !

A ce jour, Bert Anciaux a pu s’appuyer sur un front politique flamand sans faille en faveur de la dispersion des nuisances sonores, laquelle bénéficiera au premier chef aux habitants-électeurs de la périphérie Nord. Mais depuis quelques semaines, des voix s’élèvent, au Nord, pour dénoncer un éventuel déménagement de DHL (vers la Wallonie par exemple).

Le 21 janvier dernier, en commission de l’Infrastructure de la Chambre, Guy Verhofstadt a ainsi essuyé une salve de récriminations (y compris de la part du VLD, son parti) contre le manque de volonté dont ferait preuve son gouvernement pour maintenir l’emploi en Brabant flamand.

Ce revirement de sensibilité pourrait expliquer l’empressement d’Anciaux à boucler son dossier.