La Flandre conteste le droit de Gilkinet d’agir sur le bruit

Lesoir.be
11 novembre 2023

À l’occasion d’un changement rĂ©glementaire, la Flandre dĂ©nonce un ArrĂȘtĂ© Royal du ministre fĂ©dĂ©ral de la MobilitĂ©, Georges Gilkinet, devant le Conseil d’État et lui dĂ©nie la capacitĂ© d’instaurer une restriction des activitĂ©s de l’aĂ©roport national de Bruxelles, notamment celui d’en rĂ©duire les quotas de bruit.

Faut-il y voir une rĂ©ponse de la Flandre Ă  l’annonce du ministre de la MobilitĂ© Georges Gilkinet (Ecolo), en kern, d’interdire les avions la nuit Ă  l’aĂ©roport national de Zaventem ? La Flandre a profitĂ© d’un changement rĂ©glementaire pour contester au gouvernement fĂ©dĂ©ral le droit d’imposer des restrictions d’activitĂ© Ă  l’aĂ©roport national de Bruxelles, celles liĂ©es au bruit des avions la nuit notamment. Pour la Flandre, cette matiĂšre devrait relever uniquement du gouvernement rĂ©gional flamand, avec le reste des attributions aĂ©roportuaires.

Faut-il y voir une rĂ©ponse de la Flandre Ă  l’annonce du ministre de la MobilitĂ© Georges Gilkinet (Ecolo), en kern, d’interdire les avions la nuit Ă  l’aĂ©roport national de Zaventem ? La Flandre a profitĂ© d’un changement rĂ©glementaire pour contester au gouvernement fĂ©dĂ©ral le droit d’imposer des restrictions d’activitĂ© Ă  l’aĂ©roport national de Bruxelles, celles liĂ©es au bruit des avions la nuit notamment. Pour la Flandre, cette matiĂšre devrait relever uniquement du gouvernement rĂ©gional flamand, avec le reste des attributions aĂ©roportuaires.

C’était en juillet dernier. Le ministre fĂ©dĂ©ral en charge du seul aĂ©roport national, Georges Gilkinet, annonçait son projet de modifier les quotas de bruit attribuĂ©s Ă  chaque type d’avion (QC= quota count) frĂ©quentant l’aĂ©roport de Bruxelles, ce qui n’avait plus Ă©tĂ© fait depuis 2009. Il voulait ne profiter pour rĂ©duire Ă  zĂ©ro le quota de bruit autorisĂ© la nuit sur le tarmac de Zaventem. Une perspective saluĂ©e par une bonne partie du million de riverains qui subit les nuisances sonores nocturnes. Un projet rĂ©futĂ© par le milieu socio-Ă©conomique majoritairement flamand qui soutient les 60.000 emplois de la base aĂ©roportuaire et relĂ©guĂ© par les autres partis politiques considĂ©rant qu’il s’agissait lĂ  d’une annonce opportuniste, peu rĂ©aliste et purement Ă©lectorale. En rĂ©plique, le ministre Écolo expliquait remplir l’engagement du gouvernement, dans son accord initial, de « trouver une solution pour les nuisances sonores et pour l’insĂ©curitĂ© juridique Ă  laquelle l’aĂ©roport de Bruxelles est confrontĂ©. Le gouvernement travaillera sur un projet de loi aĂ©rienne Ă©quilibrĂ©. »

Depuis lors, le projet a Ă©tĂ© renvoyĂ© aux Ă©tudes : une enquĂȘte socio-Ă©conomique a Ă©tĂ© commandĂ©e, dans la foulĂ©e, pour dĂ©terminer plus prĂ©cisĂ©ment l’impact d’une telle mesure. Le gouvernement de la Vivaldi pouvait en rester lĂ , le temps de rĂ©aliser l’étude, la campagne Ă©lectorale sera largement en cours, puis le gouvernement fĂ©dĂ©ral et ses sept partis seront en affaires courantes


Qui est compétent ?

C’était sans compter sur l’infatigable rĂ©activitĂ© du pouvoir rĂ©gional flamand. Le 11 juin 2023, quelques jours avant l’annonce, le mĂȘme ministre Gilkinet publiait un ArrĂȘtĂ© Royal « pour remplacer l’arrĂȘtĂ© du 25 septembre 2003 relatif aux restrictions d’exploitation Ă  l’aĂ©roport » dans lequel il est prĂ©cisĂ© que « c’est le ministre fĂ©dĂ©ral de la MobilitĂ© qui est compĂ©tent pour les aspects qui relĂšvent du niveau de pouvoir fĂ©dĂ©ral ». Un acte estimĂ© comme une simple Ă©tape technique assure le cabinet du ministre puisqu’il vise uniquement, assure-t-on, Ă  rĂ©pondre Ă  une obligation europĂ©enne (le rĂšglement UE 598/2014 ayant remplacĂ© la directive 2002/30/CE et l’arrĂȘtĂ© royal de 2003) de dĂ©signer formellement « l’autoritĂ© compĂ©tente pour imposer des restrictions d’exploitation aux aĂ©roports de l’UE », Ă  savoir le ministre fĂ©dĂ©ral en charge de la navigation aĂ©rienne. Georges Gilkinet dans ce cas. Une compĂ©tence valable pour le seul aĂ©roport relevant de l’autoritĂ© fĂ©dĂ©rale puisque tous les autres, depuis 1989, relĂšvent des autoritĂ©s rĂ©gionales.

Il n’en a pas fallu plus Ă  la RĂ©gion flamande pour dĂ©gainer un recours au Conseil d’État, le 28 septembre et poser une question prĂ©judicielle Ă  la Cour Constitutionnelle afin qu’elle reconnaisse que c’est la RĂ©gion flamande qui compĂ©tente en matiĂšre de restriction d’exploitations liĂ©es aux nuisances sonores Ă  l’aĂ©roport de Bruxelles-National. Un point de vue qu’elle avait dĂ©jĂ  dĂ©fendu lorsque son avis avait Ă©tĂ© sollicitĂ© durant la prĂ©paration du nouvel arrĂȘtĂ© royal et que le cabinet Gilkinet affirme avoir affinĂ© « en fonction des remarques Ă©mises par la RĂ©gion flamande lors d’une rĂ©union de concertation, reprĂ©cisant que l’État fĂ©dĂ©ral Ă©tait compĂ©tent uniquement pour l’équipement et l’exploitation de l’aĂ©roport de Bruxelles-National, conformĂ©ment Ă  la rĂ©partition lĂ©gale des compĂ©tences. »

Dans l’intĂ©rĂȘt de tous les riverains

La Flandre a dĂ©cidĂ© de poursuivre son raisonnement devant la Justice. « Cet arrĂȘtĂ© royal a pour unique but de permettre au gouvernement fĂ©dĂ©ral d’agir contre les nuisances sonores liĂ©es Ă  l’activitĂ© aĂ©roportuaire Ă  Bruxelles-National en se conformant Ă  l’évolution de la lĂ©gislation europĂ©enne » explique le Georges Gilkinet. « Il n’étend pas les compĂ©tences de l’État FĂ©dĂ©ral en matiĂšre de rĂ©gulation des nuisances sonores aĂ©roportuaires, il lui permet seulement de les mettre en Ɠuvre. On sait combien ce dossier fait l’objet de tensions entre les RĂ©gions.

Seul l’État FĂ©dĂ©ral a la capacitĂ©, dans les limites de ses compĂ©tences, de se placer au-dessus de la mĂȘlĂ©e et est capable de prendre des mesures dans l’intĂ©rĂȘt des riverains des trois rĂ©gions. C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai dĂ©jĂ  pris diffĂ©rentes mesures, comme les redevances variables imposĂ©es aux compagnies aĂ©riennes, et que j’ai dĂ©posĂ© en juillet sur la table du Gouvernement fĂ©dĂ©ral un projet de rĂ©glementation visant Ă  rĂ©duire le bruit aux moments les plus sensibles. Les riverains de l’aĂ©roport de Bruxelles National, qu’ils soient flamands, bruxellois ou wallons souffrent depuis trop longtemps des nuisances environnementales et sonores consĂ©cutives Ă  l’activitĂ© de l’aĂ©roport de Bruxelles-National ! Il va de soi que nous allons tout mettre en Ɠuvre pour prĂ©server la compĂ©tence fĂ©dĂ©rale en la matiĂšre. »

Le ministre et le gouvernement fĂ©dĂ©ral ont jusqu’au 11 dĂ©cembre pour rĂ©pondre. Puis le Conseil d’État se penchera sur la question.

La suite aux prochaines élections ou au prochain gouvernement ?

Eric Renette