Brussels Airport veut renouveler son permis d’exploitation pour une durée …illimitée

lpost.be
11 août 2023

Brussels Airport company (BAC), la société de gestion de l’aéroport national, a introduit, dans les temps, une demande de renouvellement de son permis d’exploitation. Les documents ont été déposés à l’administration flamande le 7 juillet dernier, soit un an avant l’expiration de son permis actuel de 20 ans qui vient à échéance le 7 juillet 2024. Et comme le lui permet la législation flamande, la nouvelle demande ne contient plus d’échéance : c’est une demande de permis sans date d’expiration. L’administration dispose d’un mois pour demander des informations complémentaires, mais il nous revient qu’il y aura un délai supplémentaire d’un mois. Une fois que le dossier sera complet, suivra ensuite une période d’enquête publique avec des séances d’informations dans les quatre communes directement concernées (Zaventem, Steenokkerzeel, Kortenberg, Machelen). Quid des habitants des communes bruxelloises subissant l’impact de l’activité de Brussels Airport ? Que contient la nouvelle demande de permis de BAC ?

Malgré les critiques et les mobilisations pour restreindre ses activités, Brussels Airport Company (BAC), la société gestionnaire de l’aéroport national dont l’Etat belge est actionnaire à 25% (aux côtés d’un consortium d’actionnaires privés dont le plus important est le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario/RREO), entend poursuivre son développement qu’elle juge raisonnable. Selon nos informations, la société a, comme attendu, introduit une demande de renouvellement de son permis d’exploitation. Et elle l’a fait dans les temps pour éviter toute mauvaise surprise. « Nous avons introduit la demande le 7 juillet 2023 à l’administration flamande de l’Environnement qui dépend de la ministre de l’Environnement (Zuhal Demir/N-VA, ndlr) », nous a confirmé Ihsane Chioua Lekhli, la porte-parole de BAC.

Durée d’exploitation illimitée

L’administration dispose d’un mois pour demander des informations complémentaires au gestionnaire de l’aéroport national, mais ce délai peut être prolongé d’un mois supplémentaire. Et selon nos informations, en raison de la période des vacances, l’administration régionale flamande devrait prolonger le délai. Brussels Airport company se refuse à donner un quelconque détail sur le contenu de sa demande de renouvellement de permis, mais selon des sources proches du dossier, cette demande a une particularité. Elle ne contient plus de date d’échéance : c’est donc une demande d’exploitation pour une durée illimitée. Ce faisant, la société ne fait qu’appliquer la législation qui lui permet de faire une demande de renouvellement de son permis sans date d’échéance.

L’actuel permis d’exploitation a une durée de 20 ans et elle expire le 7 juillet 2024. BAC s’y est donc pris à temps. Une fois que le dossier sera complet, suivra une période d’enquête publique avec des séances d’informations qui seront organisées pour les habitants vivant sur le territoire des quatre communes abritant les infrastructures ou touchées par les activités de Brussels Airport. Il s’agit de Zaventem, Steenokkerzeel, Kortenberg et Machelen. Mais des voix se sont élevées pour que les habitants des communes bruxelloises impactés par le bruit des avions de l’aéroport puissent faire part de leurs remarques. Et il semble que la revendication a été entendue. Reste à savoir si leurs suggestions ou remarques seront prises en considération.

Croissance maîtrisée des activités de l’aéroport

En attendant, BAC, qui espère obtenir son nouveau sésame à temps pour ne pas se retrouver sans permis d’exploiter le 7 juillet 2024, n’affiche pas un appétit vorace dans sa nouvelle demande d’autorisation d’exploitation. En effet, il ne serait pas question d’allongement de piste vers Kortenberg, mais le gestionnaire de l’aéroport national s’engagerait à construire un mur antibruit complet et un site pour les essais de moteurs d’avions (ces points sont repris dans le permis de 2004, mais n’ont jamais été concrétisés, comme le relève souvent le service de médiation de l’aéroport national).  Par ailleurs, l’aéroport ne demanderait pas non plus de faire sauter le verrou des 16.000 vols de nuit par an, mais souhaiterait augmenter le trafic cargo (l’aéroport voudrait aller jusqu’à un million de tonnes de marchandises par an). Une augmentation du trafic passagers est aussi à l’agenda, mais pas en multipliant le nombre de mouvements, mais grâce à l’utilisation de plus gros avions (faisant moins de bruit, car modernes) et à un meilleur taux de remplissage des appareils.

L’aéroport mise aussi sur les avions électriques et les appareils hybrides pour réduire l’impact environnemental de son activité. Sans oublier une meilleure organisation de la circulation des avions au sol. Brussels Airport rappelle qu’il est le second pôle économique de la Belgique (après le port d’Anvers) et qu’elle représente près de 24.000 emplois directs (et 40.000 emplois indirects).

Mais il reste des questions en suspens comme l’isolation des habitations durement impactées par le bruit des avions (comme à Diegem) et l’extension de la nuit pour permettre aux victimes des nuisances sonores de jouir de périodes de repos réparateur (22h à 7h au lieu de 23h à 6h actuellement).

Philippe Lawson

Journaliste – Rédacteur en chef.