le bilan environnemental de l’aviation civile ne cessera de s’alourdir

Lejournaldelenvironnement.net
26 juillet 2019

Selon l’OACI, les compagnies aĂ©riennes ne pourront tenir leurs engagements en matiĂšre d’émissions de polluants.

Depuis des annĂ©es, le secteur aĂ©rien promet de rĂ©duire ses Ă©missions de gaz Ă  effet de serre ou de particules, ses nuisances sonores. Il aura bien du mal Ă  tenir ses engagements. Cette fois, ce sont pas les ONG qui le disent, mais l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Dans une note, qui sera officiellement prĂ©sentĂ©e fin septembre, lors de sa 40e assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, l’agence onusienne en charge de l’aviation civile Ă©value le bilan environnemental du trafic commercial vers le milieu du siĂšcle. Bilan qui s’annonce catastrophique.

En 2015, 30 millions de personnes vivant sur une surface de 14.400 km2 autour des 315 plus importants aĂ©roports du monde, Ă©taient exposĂ©es Ă  un bruit moyen  supĂ©rieur Ă  55 dB. Dans le meilleur des cas, estime l’OACI, cette situation pourrait se stabiliser. Dans le pire, la surface touchĂ©e par ce bruit aĂ©rien excessif pourrait tripler entre 2015 et 2045.

En cause : le triplement annoncĂ© du trafic commercial entre 2015 et 2045. MalgrĂ© les progrĂšs techniques escomptĂ©s (dans la motorisation ou les carburants), la consommation de carburants devrait, elle aussi, s’envoler.

neutralité carbone?

A la moitiĂ© du siĂšcle, elle pourrait atteindre 500 Mt/an : trois fois celle de 2015. En consĂ©quence, les Ă©missions annuelles de CO2 devraient flirter avec les 1.600 millions de tonnes, contre 505 MtCO2 en 2015. Atteindre la neutralitĂ© carbone en 2050, comme promis par les compagnies aĂ©riennes, s’annonce acrobatique.

Les rejets climatocides d’oxydes d’azote (NOx) en haute altitude pourraient Ă©galement tripler, mais quadrupler Ă  basse altitude. Une moindre croissance des Ă©missions de particules fines est attendue Ă  proximitĂ© des aĂ©roports.

quelles solutions?

Des solutions existent-elles? En attendant l’hypothĂ©tique dĂ©collage de l’avion Ă©lectrique, elles se limitent Ă  l’augmentation de la consommation de bio-kĂ©rosĂšne. Mais ce n’est pas gagnĂ©. De son propre aveu, l’OACI n’imagine pas que la production de ce substitut vĂ©gĂ©tal au kĂ©rosĂšne puisse excĂ©der 6,5 Mt/an en 2032: moins de 4% de la demande actuelle. NĂ©gligeable.

À moins bien sĂ»r de dynamiser cette production. «En 2050, il est physiquement possible de satisfaire la totalitĂ© des besoins en kĂ©rosĂšne par des carburants pour avion durables. [
]». Possible, Ă  la condition de consacrer au moins autant d’argent Ă  ces bio jet-fuel que pour crĂ©er et soutenir les filiĂšres de production de biodiesel et d’éthanol. Ça n’est pas gagnĂ©.

Valéry Laramée de Tannenberg