La population bruxelloise vit dans un air dangereux

Courriel de rĂ©action d’un bruxellois

Bonsoir,

Les destinataires de ce message sont les mĂȘmes que ceux de mon message ci-dessous du 17 novembre oĂč je parlais notamment de la pollution de l’air.

Il est en effet toujours utile de battre le fer tant qu’il est chaud.

Ce matin, le journal « Le Soir » publiait un article qui faisait Ă©tat d’un appel d’une centaine de mĂ©decins concernant les dangers que la pollution atmosphĂ©rique fait peser sur la santĂ© des Bruxellois. Les consĂ©quences peuvent effectivement ĂȘtre dramatiques et je soutiens entiĂšrement cet appel fait aux politiques pour qu’ils prennent rapidement des actions pour diminuer l’impact nĂ©faste de la pollution de l’air sur la santĂ© publique.

Je suis toutefois interpellĂ© car, dans l’article du Soir, une fois de plus, seules les vĂ©hicules roulant au diesel sont mentionnĂ©s comme cause de la pollution, alors que plusieurs Ă©tudes ont montrĂ© que la pollution atmosphĂ©rique causĂ©e par les avions Ă©tait aussi importante que celle causĂ©e par le diesel. Je dirais mĂȘme plus : les particules ultra-fines libĂ©rĂ©es par le kĂ©rosĂšne des moteurs d’avions sont plus nocives que les particules fines classiques. Au propre comme au figurĂ©, ce type de pollution fait moins de bruit que les nuisances sonores issues des activitĂ©s de l’aĂ©roport de Zaventem, mais il est bien rĂ©el et largement sous-estimĂ©.

L’intention de Madame Fremault est de sortir les voitures diesel de Bruxelles d’ici 2025 (cela a Ă©tĂ© dit au journal tĂ©lĂ©visĂ©).

TrÚs bien, mais à quand un éloignement des avions du ciel de la capitale ?

Je pense qu’il est temps de se poser les bonnes questions avant de dĂ©finir des mesures de rĂ©duction de la pollution et de mettre en Ɠuvre un plan d’action efficace.

Bien cordialement

P. M.


http://LeSoir.be
20/11/2017

«La population vit dans un air dangereux»: l’appel de 100 mĂ©decins belges contre la pollution

Ils sont prĂšs de 100 mĂ©decins Ă  sortir de leur rĂ©serve habituelle. Dans une lettre ouverte publiĂ©e dans Le Soir, ces professionnels de la santĂ©, qui suivent au quotidien la santĂ© des Belges, interpellent les politiques bruxellois sur la qualitĂ© de l’air de la rĂ©gion.Et les exhortent Ă  rĂ©agir. Ambitieusement et au plus vite.

Les signataires de cette lettre ouverte soulignent les effets nocifs, prouvĂ©s scientifiquement maintes fois, de la pollution de l’air sur la santé : augmentation du risque de cancer du poumon et de la vessie, y compris pour les non-fumeurs, maladies cardiovasculaires, troubles cognitifs, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant, asthme,… les affections sont nombreuses.

Les scientifiques signataires ne partent pourtant pas perdants face Ă  ce constat dramatique. « RĂ©duire le nombre de victimes de la pollution de l’air est possible, Ă©crivent-ils. Mais cela exige des mesures plus ambitieuses et plus efficaces. »

Les mĂ©decins proposent en urgence plusieurs mesures concrĂštes, comme le lancement d’une campagne d’information publique, de meilleures mesures de la qualitĂ© de l’air bruxellois, ainsi que de fixer des objectifs ambitieux sur la concentration de particules fines et de dioxyde d’azote. Mais aussi d’établir et se tenir Ă  un calendrier clair.

Voici leur lettre ouverte :

Monsieur le ministre-prĂ©sident de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, Madame la ministre du Logement, de la QualitĂ© de vie, de l’Environnement et de l’Energie, CĂ©line Fremault,

Monsieur le ministre des Finances, du Budget et des Relations extérieures, Guy Vanhengel,

Monsieur le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Pascal Smet,

Les mĂ©decins, les scientifiques et les organisations de santĂ© tirent la sonnette d’alarme.

Deux ans aprĂšs une premiĂšre lettre ouverte publiĂ©e dans la presse, nous continuons Ă  constater des faits graves : malgrĂ© l’obligation des autoritĂ©s de garantir un air plus sain depuis 2010, la population vit dans un air dangereux et malsain.

La pollution atmosphĂ©rique a beau ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement invisible, les recherches rĂ©vĂšlent un impact nocif trĂšs important sur la santĂ© des citoyens. En 2013, l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), qui recommande des normes plus strictes que l’Union europĂ©enne, concluait que la pollution atmosphĂ©rique et les particules fines devraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme cancĂ©rigĂšnes avĂ©rĂ©s et classĂ©s dans la mĂȘme catĂ©gorie que le tabac. MĂȘme les non-fumeurs courent le risque de mourir d’un cancer du poumon dĂ» Ă  l’exposition aux polluants nocifs.

En effet, la pollution de l’air nuit gravement Ă  la santĂ© des Bruxellois et des navetteurs, et particuliĂšrement Ă  celle des enfants, des personnes ĂągĂ©es et des personnes dĂ©jĂ  atteintes d’une maladie.

La pollution de l’air conduit à :

â–ș une augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus, arythmie ventriculaire, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cĂ©rĂ©bral) ;

â–ș une augmentation des cancers du poumon et de la vessie ;

â–ș une augmentation des leucĂ©mies chez l’enfant ;

â–ș une augmentation de l’asthme (plus de nouveaux cas et plus d’exacerbations) et des bronchites chroniques ;

â–ș une augmentation des allergies ;

â–ș des effets nocifs pendant la grossesse  : augmentation des naissances prĂ©maturĂ©es et des petits poids Ă  la naissance, diminution de la capacitĂ© pulmonaire et augmentation de l’asthme liĂ© Ă  la surexposition aux particules fines pendant la grossesse ;

â–ș des troubles cognitifs chez les personnes ĂągĂ©es et les enfants.

A Bruxelles, on constate que la pollution de l’air joue un rîle dans :

â–ș plus de 20 % des bronchites chez les enfants asthmatiques ;

â–ș plus de 20 % des hospitalisations dans le cadre de bronchopathies chroniques obstructives ;

â–ș plus de 30 % des infarctus chez les adultes atteints de cardiopathies ischĂ©miques.

Si nous dĂ©sirons ce qu’il y a de meilleur pour nos patients et pour la santĂ© publique, dans le cas de la pollution de l’air, la recherche scientifique ne laisse pas d’ambiguĂŻtĂ© sur les causes que nous devons viser pour protĂ©ger les citoyens. La prĂ©vention de l’exposition Ă  la pollution atmosphĂ©rique est une condition prĂ©alable Ă  une bonne santĂ©. La rĂ©solution du problĂšme de la pollution de l’air Ă  Bruxelles incombe Ă  notre gouvernement et Ă  nos ministres. Un air sain est d’ailleurs un droit fondamental et universel, pour les 1,2 million d’habitants de Bruxelles et les 350.000 navetteurs. Il est grand temps que le gouvernement prenne ses responsabilitĂ©s, Ă©labore et mette en Ɠuvre un plan d’action clair et efficace, pour faire face Ă  cette crise de santĂ© silencieuse et inacceptable.

Être ambitieux

HĂ©las, la barre n’est pas mise assez haut.

Le Plan Air-Climat-Énergie, qui est le plan politique mis sur pied par le gouvernement bruxellois en 2016, est bien trop vague et ne satisfait pas, de notre point de vue, aux exigences de la directive europĂ©enne en matiĂšre de qualitĂ© de l’air (directive 2008/50/CE). En effet, Ă  Bruxelles, les normes europĂ©ennes concernant la pollution atmosphĂ©rique sont aujourd’hui encore enfreintes. Il convient d’ajouter Ă  cela que les mesures de contrĂŽle de la qualitĂ© de l’air Ă  Bruxelles ne se font pas aux endroits oĂč la population est exposĂ©e aux concentrations les plus hautes comme cette mĂȘme directive europĂ©enne de 2008 l’exige.

La Zone de basse Ă©mission (LEZ) est actuellement la mesure la plus ambitieuse du plan politique bruxellois pour une meilleure qualitĂ© de l’air. Si la LEZ entre en action Ă  partir du 1er  janvier 2018 en bannissant les vĂ©hicules type EURO1, soit les vĂ©hicules diesel les plus anciens, l’étude demandĂ©e par la RĂ©gion bruxelloise nous apprend que «  la LEZ n’entraĂźnera pas d’effets probants sur la mise en conformitĂ© avec les normes europĂ©ennes concernant les particules fines PM10 et NO2  ». En outre, cette Ă©tude ne tient pas compte du dieselgate. Les villes allemandes qui appliquent la LEZ et qui interdisent dĂ©jĂ  les vĂ©hicules de norme EURO3 ne sont pas encore en conformitĂ© avec les normes europĂ©ennes. La LEZ est donc un premier pas vers la solution, mais elle est encore loin d’ĂȘtre suffisante pour assurer une vĂ©ritable protection de la population.De fait, une politique beaucoup plus ambitieuse est nĂ©cessaire pour rĂ©ellement protĂ©ger la santĂ© des citoyens. Et comme si cela ne suffisait pas, il est aussi crucial de rappeler qu’en sus des polluants nommĂ©s ci-dessus, s’ajoutent Ă©galement les particules ultra-fines et le « black carbon » qui sont extrĂȘmement dangereux pour la santĂ©. Ceux-ci pĂ©nĂštrent profondĂ©ment dans nos poumons et nos vaisseaux sanguins. Le « black carbon » se trouve sur la liste des produits cancĂ©rogĂšnes de l’OMS et est Ă©mis par les moteurs diesel. Sur plusieurs axes routiers de la capitale, les mesures montrent des taux intolĂ©rables.

L’un des problĂšmes les plus graves Ă  Bruxelles rĂ©side dans l’usage abusif de motos, de voitures, de camionnettes et de camions utilisant des carburants fossiles et, en particulier, du diesel.

RĂ©duire le nombre de victimes de la pollution de l’air est possible, mais exige des mesures plus ambitieuses et plus efficaces comme :

â–ș La modification Ă©cologique de la taxe sur la circulation : avec le dĂ©couragement fiscal de la mobilitĂ© fossile et l’encouragement de la mobilitĂ© propre ;

La prĂ©paration Ă  l’interdiction du diesel avec une communication ciblĂ©e et un encouragement de la population et des navetteurs Ă  choisir des moyens de transport propres ;â–ș L’obligation d’utiliser des filtres Ă  suie dans les moteurs diesel associĂ©e Ă  une stricte conformitĂ© jusqu’à l’interdiction du diesel ;

â–ș Une stricte conformitĂ© avec l’interdiction de laisser le moteur en marche au point mort ;

â–ș Des mesures de contrĂŽle et de gestion du trafic local, contraignantes, incluant des moyens pour diriger les conducteurs vers les zones de stationnement les plus proches ; afin d’éviter le trafic inutile.

â–ș Fixer des normes de distance de sĂ©curitĂ© entre les artĂšres de circulation comme source de pollution atmosphĂ©rique et les lieux de sĂ©jour des populations vulnĂ©rables et les zones rĂ©sidentielles ainsi que l’application de ces normes ;

â–ș Des transports en commun accessibles Ă  tous, efficaces, confortables et propres et une mobilitĂ© partagĂ©e combinĂ©e avec le stationnement aux abords de la ville et des gares ;

â–ș Des investissements importants dans les installations cyclables et les bicyclettes Ă©lectriques.

La RĂ©gion bruxelloise ne pourra rĂ©soudre Ă  elle seule le problĂšme de la pollution de l’air. Cette pollution atmosphĂ©rique constitue un problĂšme allant bien au-delĂ  des rĂ©gions et pour lequel des accords entre les RĂ©gions ainsi qu’au niveau fĂ©dĂ©ral sont nĂ©cessaires de toute urgence. NĂ©anmoins, cela ne peut constituer une excuse pour ne pas agir plus efficacement Ă  Bruxelles. Le gouvernement bruxellois dispose des compĂ©tences nĂ©cessaires afin de prendre des mesures fortes.

Une urgence

Dans l’intĂ©rĂȘt de tous les habitants et navetteurs, nous vous demandons d’urgence :

1 Le lancement d’une campagne d’information en direction des Bruxellois et navetteurs largement diffusĂ©e qui informe chacun sur la pollution de l’air en ville et les effets nocifs sur la santĂ© publique afin de faire comprendre l’urgence d’actions rapides ;

2 D’élaborer dans la RĂ©gion bruxelloise un rĂ©seau de mesures correctes et efficaces de la qualitĂ© de l’air, en accord avec les directives europĂ©ennes ;

3 De fixer des objectifs ambitieux concernant le PM 10, PM 2,5 et le NO2, mais aussi pour le black carbon afin de réduire considérablement les effets les plus nocifs de la pollution atmosphérique ;

4 D’établir un calendrier clair et urgent avec des mesures concrĂštes afin de pouvoir rĂ©aliser les objectifs fixĂ©s.

Notre santĂ© et notre bien-ĂȘtre Ă  tous sont en jeu !

Avec nos sentiments les plus respectueux.