Brussels Airport, l’histoire d’un aéroport très mal placé

UNE EVOCATION PAR CHRISTIAN LAPORTE

24 février 2017

Depuis que Bruxelles est desservie, les avions arrivent et partent au nord-est de la région.

C’est l’histoire d’un aéroport très mal placé. Installé au nord-est de Bruxelles, Brussels Airport voit davantage d’avions mettre le cap sur des destinations méridionales que vers des havres de paix septentrionaux et un passage au-dessus de l’agglomération s’impose dès lors assez naturellement. Mais, en même temps, l’aéroport national souffre de sa situation aux confins de deux, voire des trois régions de l’Etat fédéral quasi quinquagénaire.

Facilement accessible par le rail

Un élément fédérateur quand même : où que l’on habite dans le royaume, Zaventem est de plus en plus aisément accessible, notamment par le rail et par le ring, et on s’en envole plus volontiers que de Gosselies, par exemple, si on n’habite pas de ce côté-là de la Wallonie. Mais toute médaille a son revers et en ces temps très « nimby » – pas dans mon jardin – pas mal de riverains de l’aéroport ne supportent plus les survols trop bruyants.

L’implantation de terrains d’aviation dans cette partie de la grande région bruxelloise est en fait le fruit de deux invasions pacifiques et d’autant d’invasions qui l’étaient nettement moins. Il y a un siècle et presque une décennie, Bruxelles accueillait une exposition internationale qui incita les autorités d’alors à prévoir au moins un terrain d’aviation pour les visiteurs les plus fortunés. Pas de chance pour les habitants de Woluwe-Saint-Pierre : il fut installé à Stockel, aujourd’hui très survolé. L’envahisseur allemand le déplaça du côté de Haren, qui deviendra la première base de la Sabena à partir de 1923.

La seconde invasion allemande, qui fit encore davantage appel au transport aérien, fut à la base de la création d’un champ d’aviation stratégiquement intéressant à Melsbroek. Militaire, il le redevint à l’époque de l’Expo universelle de 1958, lorsque l’aviation civile se déplaça à deux pas de là, à Zaventem. Depuis lors, le développement exponentiel déboucha sur le constat que Bruxelles devrait peut-être prendre exemple sur Paris, qui créa Roissy pour désengorger Orly, ou de Rome, qui développa Fiumicino à une distance double de celle de Ciampino. Au début des années nonante, émergea l’idée d’installer un nouvel aéroport à Chièvres (Hainaut) qui avait une base militaire aérienne.

Un site hennuyer idéal

Une étude de l’ULB confirma que le site était idoine, à 55 km de Bruxelles, facile à atteindre. Mieux, comme on était là à un jet d’aile de la Flandre, le Nord du pays devait nécessairement avoir aussi sa part du gâteau, au moins en retombées économiques. Mais le projet resta dans les cartons, malgré une relance par le Premier ministre Guy Verhofstadt en 2003.

La faillite de la Sabena avait cependant changé la donne : Brussels Airport devait remonter la pente et on ne songea plus à créer un méga-aéroport ailleurs. Entre-temps, Charleroi s’est imposé à sa manière et cela n’incite plus personne à relancer un grand projet. Et puis, par les temps qui courent, quels sont les élus prêts à relever un grand défi fédéral et national ?