Politique mesquine + stupidité humaine = …

(traduit de l’anglais par V.de Potter)

À environ sept kilomètres du Rond-point Schumann, centre politique et administratif de l’Union européenne depuis 1957, s’est développée une situation qui, pour une raison triviale, mine l’expansion future de Bruxelles comme capitale de l’Europe. Il s’agit de l’aéroport national de Bruxelles à Zaventem qui couvre, à lui seul, les besoins croissants de la capitale de l’Europe. L’aéroport y a été établi par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale parce que cet emplacement convenait pour bombarder Londres et qu’il était suffisamment hors de portée des Alliés. Cela explique pourquoi l’aéroport se trouve si près du centre de la ville, mais cela n’explique pas pourquoi les autorités belges n’ont pas bâti un deuxième aéroport à plus grande distance et pourquoi ces mêmes autorités laissent les intérêts locaux décider de l’utilisation de l’aéroport.

Pour ne citer que deux exemples : à Milan, les Italiens ont construit l’aéroport de Malpensa à 60 kilomètres du centre pour remplacer celui de Linate, qui se trouve à quelques kilomètres du Duomo; à Rome, on a restreint l’utilisation de l’aéroport de Ciampino, proche du centre-ville, aux visiteurs officiels et construit, pour le remplacer, l’aéroport Leonardo Da Vinci à Fiumicino, à 40 kilomètres environ du centre. Il est assez difficile d’expliquer pourquoi les Belges, avec les revenus massifs qu’ils tirent du trafic lié à l’Union européenne, n’ont pas bâti un nouvel aéroport en dehors de Bruxelles. Il est de surcroît probable que Bruxelles recevrait d’importantes subventions de l’Union européenne pour un tel projet.

L’aéroport de Zaventem se trouve dans l’agglomération bruxelloise. Le trafic y a fortement augmenté, surtout depuis l’élargissement de l’Union européenne. Les autorités belges, au lieu de bâtir un nouvel aéroport relié à la ville par une route directe et une liaison ferroviaire rapide, ont développé l’infrastructure existante. En conséquence, tous les passagers sont contraints de marcher avec leur bagage à main pendant une demi-heure depuis les guichets jusqu’aux portes d’embarquement. Pour rendre la pilule encore plus amère, les compagnies aériennes limitent le bagage à main des passagers à 5 kilos mais n’appliquent pas cette limitation aux passagers en provenance d’autres aéroports.

Un deuxième inconvénient – encore plus grave – résultant de cette situation est la dégradation de la qualité de vie et de la valeur du patrimoine des citoyens vivant dans la partie de la ville adjacente à l’aéroport, dont bon nombre de fonctionnaires des institutions européennes. Le problème s’est encore amplifié pour les personnes vivant à proximité de l’aéroport au début de 2004 lorsque le célèbre plan « Anciaux-Landuyt-Cornillie » a été mis en oeuvre. Bert Anciaux et Renaat Landuyt sont les ministres successifs de la mobilité et des transports du gouvernement fédéral belge depuis 2004 et appartiennent tous deux au parti socialiste flamand SPa-Spirit. Jan Cornillie est le chef de cabinet des deux précités. Le parti SPa-Spirit a été l’instigateur du « plan Anciaux », qui impose aux avions qui décollent de tourner à gauche au-dessus de la ville au lieu de tourner à droite au-dessus des champs. De cette manière, les vols bruyants et polluants passent au-dessus de Bruxelles jour et nuit tous les jours de la semaine, avec tous les risques que cela comporte, pour une raison et une seule : perturber – oui: perturber – les zones francophones de Bruxelles dans le contexte de l’éternel Kriegspiel qui oppose les Flamands et les Wallons, et dont pâtissent, cette fois, 25.000 fonctionnaires de l’Union européenne vivant dans les quartiers situés entre le Rond-point Schumann et l’aéroport.

Le problème est grave et exige une enquête plus poussée, que New-Europe a ouverte. Tous les commentaires de tous les bords sont les bienvenus, non seulement parce que c’est une question qui touche aux droits fondamentaux des Européens au coeur même de l’Europe, mais aussi parce que c’est un exemple classique – qui mérite qu’on l’étudie – de la manière dont les pratiques mesquines de petits esprits peuvent affecter la vie et l’avenir d’un grand nombre de personnes. Le cas de l’aéroport de Zaventem (un terminal interminable et d’autres défauts résultant de l’expansion sous pression d’une vieille infrastructure militaire) est en effet l’une des raisons pour lesquelles la Commission européenne implante ses nouvelles agences hors de Belgique.