Cher Monsieur,
Ce n’est peut-être qu’une interprétation subjective et malheureuse de ma part, mais votre article m’a donné le sentiment que vous étiez tracassé, voire consterné, par l’avenir incertain des liaisons aériennes entre Bruxelles et Londres…
Mais n’est-il pas évident qu’IL EST SOUHAITABLE que le train à grande vitesse « coule l’avion » (comme vous dites) sur les courtes distances en Europe ?
Pour chaque passager transporté, la contribution du transport ferroviaire à la pollution chimique (oxydes d’azote, précurseurs de l’ozone, et autres polluants), à l’effet de serre, à l’épuisement des réserves mondiales d’hydrocarbures et, last but not least, aux nuisances sonores est infiniment moindre que celle de l’avion.
S’il est clair que pour aller de Bruxelles à Buenos Aires, à San Francisco, à Bombay ou à Tokyo, il paraît normal de prendre l’avion, en revanche pour des distances aussi courtes que Bruxelles-Londres ( 400 km), Bruxelles-Amsterdam (200 km), Bruxelles-Paris (300 km) , Bruxelles-Strasbourg (400 km) ou Bruxelles-Francfort ( 400 km), le train à grande vitesse offre, offrira ou pourrait offrir une alternative rapide, confortable, sûre, abordable, moins gourmande en énergie et surtout moins polluante.
Chaque décollage d’avion consomme en combustible fossile (que ce soit pour un déplacement à longue distance ou pour un déplacement à courte distance) l’équivalent de la consommation d’essence d’une voiture en UNE ANNÉE ENTIÈRE. Peut-on cautionner pareil gaspillage pour des courtes distances, sur lesquelles il existe des alternatives valables ?
Par ailleurs, il n’y a jamais eu ni accise sur le kérosène ni TVA sur les billets d’avion, ce qui représente un énorme manque à gagner pour les budgets nationaux. C’est donc principalement aux compagnies aériennes que ces liaisons profitent. Cela fait 60 ans que le kérosène est complètement détaxé et que l’avion fait donc une concurrence déloyale aux autres modes de transport. N’est-il pas grand temps que le transport aérien paye son dû à la collectivité ?
La contribution de l’aviation à l’effet de serre n’est pas prise en compte dans le protocole de Kyoto, alors qu’elle est loin d’être négligeable. La pollution sonore causée par les avions, même récents, n’est pas négligeable non plus. Et, à l’aéroport de Zaventem, cette pollution sonore ne donne lieu à aucune indemnisation (contrairement à ce qui se fait dans les autres aéroports européens), ce qui est évidemment tout bénéfice pour les compagnies aériennes.
Et l’emploi ? me direz-vous peut-être. Mais le transport ferroviaire et le transport maritime ne fournissent-ils pas AUSSI des emplois ?
Pour les habitants de Bruxelles et de sa périphérie, ainsi que pour ceux du Brabant wallon et du Brabant flamand qui pâtissent lourdement de l’exploitation actuelle de l’aéroport de Zaventem, les vols courte distance sont un surcroît de nuisances chimiques et sonores sans utilité réelle.
L’Europe est le berceau de la navigation maritime, du train, de l’automobile, du dirigeable et du vélo, les Etats-Unis sont le berceau de l’avion. Chaque continent a ses caractéristiques en ce qui concerne les densités de population et les distances à parcourir. À cela s’ajoute que la « banane bleue » (Benelux, Ruhr allemande, Sud de l’Angleterre) est une des zones les plus densément peuplées au monde et aussi, malheureusement, une des plus polluées d’Europe.
Quelles sont donc la justification économique à long terme et l’utilité sociale réelle du maintien des liaisons aériennes entre des villes européennes proches ?
Car l’économique et le social (ou l’humain) ne sont-ils pas indissociables ?
Non vraiment, je ne pense pas qu’il y ait lieu de sortir son mouchoir pour essuyer des larmes sur le sort des vols Bruxelles-Londres…
VDP.