Des « fuites » vers la presse néerlandophone ont mis entre nos mains des éléments de la note de négociation déposée par le ministre fédéral de la mobilité concernant l’aéroport de Zaventem.
Il ressort de ces propositions que :
– Aucune solution n’est proposée au problème actuel des nuisances sonores et de la sécurité avant 2008, soit pas avant 3 ans.
Ce problème est aujourd’hui incontestable, comme en témoignent p.ex. les 95.000 plaintes qu’a reçues depuis le 1er janvier 2005 le médiateur de l’aéroport (pour 2.281 en 2003 et 40.973 en 2004).
En attendant, on bétonnera et on continuera à bricoler à la petite semaine un plan de dispersion, invention exclusivement belge, inconnue ailleurs, rapiécé de toutes parts.
Alors qu’il est urgent de trouver une solution qui soulage toutes les victimes actuelles des agressions de l’aéroport.
– La directive européenne 2002/49 invoquée par le ministre vise à réduire dans toute la mesure du possible le nombre de personnes exposées aux nuisances sonores provenant d’infrastructures telles que les aéroports. La dispersion est de facto totalement incompatible avec l’esprit de cette directive, puisque son objectif et son résultat vont exactement dans le sens contraire.
– Le ministre y évoque l’application, par un organisme de contrôle indépendant, des critères de l’Organisation mondiale de la santé en matière de perturbation de la santé, alors que les normes de bruit de la Région de Bruxelles-Capitale, supérieures et donc moins exigeantes que les recommandations de l’OMS, sont violemment décriées par les décideurs politiques de la Flandre.
– Il est proposé de maintenir la « Route du Canal » qui traverse la ville de part en part et qui perturbe un très grand nombre de Bruxellois, notamment dans des quartiers et communes à faibles revenus. Qui a parlé de dispersion « équitable » ?
– Il est également proposé de remplacer l’utilisation régulière de la piste 02/20 par un usage équivalent des deux pistes 25R et 25L. Sans modification des virages à gauche et à droite et sans la suppression de la route du canal, cela revient à venir ajouter les nuisances d’une partie de Bruxelles et de sa périphérie sur une autre partie de Bruxelles. Cela reviendra à concentrer encore plus les mouvements sur Bruxelles, zone la plus peuplée du pays.
– Jamais les densités de population ni le principe de précaution ne sont pris en considération, alors que ce sont les critères premiers dans la gestion de toutes les autres infrastructures aéroportuaires européennes.
– Malgré les demandes constantes des associations de personnes survolées, le ministre de la mobilité y fige la fin de « nuit » à 6 h du matin et non à 7h, comme cela se pratique ailleurs en Europe et contrairement aux recommandations des institutions européennes. La Région de Bruxelles-Capitale l’avait également définie à 7h. La majorité des gens, travailleurs et écoliers y compris, sont encore dans leur lit entre 6 h et 7 h du matin, et cette heure de sommeil-là n’est pas un luxe.
– Le ministre propose de limiter le nombre de vol de nuits à 18.000. Biac a opéré 20.885 vols de nuit en 2003 et 23.108 en 2004. Schiphol en opère 16.320, Francfort 11.208 et Heathrow 5.800. Au départ de DHL, il n’en restera que 8.000. Non seulement nous refusons tout nouvel opérateur de vols de nuit à Zaventem, mais nous demandons la fin de tous les vols de nuit, comme à Orly, Genève et Sydney.
– Le ministre ne prévoit que de limiter les futures demandes de permis de bâtir. Il ne prévoit rien sur le financement de déménagements ou d’isolation acoustique des victimes.
Ni à l’horizon 2008, ni à l’horizon 2020, jamais cette note ne propose une vision à long terme pour l’avenir de l’aéroport urbain de Zaventem.
Biac a été vendue à des conditions mystérieuses et hermétiques, dont ni les citoyens ni les élus de la Nation n’ont été informés, à un actionnaire australien qui tient, logiquement, à rentabiliser son gros investissement en multipliant le trafic aérien par deux au moins. Certains responsables politiques n’ont eu aucun scrupule à dérouler le tapis rouge pour Macquarie Airports en lui accordant des privilèges léonins qui nuisent gravement à la santé et à la sécurité des citoyens belges.
La Région de Bruxelles-Capitale, qui ne profite que peu des emplois et revenus de l’aéroport de Zaventem, refuse de se voir imposer de plus en plus de nuisances qui compromettent son habitabilité.
Bruxelles n’a jamais demandé un grand aéroport situé juste à ses portes. Partout ailleurs en Europe, les activités de fret aérien, de long-courrier et courrier express, ont été délocalisées vers des lieux plus adaptés. L’aéroport de Zaventem, tel qu’il est exploité aujourd’hui, est un archaïsme sans vision à long terme.
Le ministre de la mobilité engage les gouvernements régionaux à « adapter leur cadre légal ». Les normes de bruit de la région constituent son seul moyen de défense face à l’aéroport de Zaventem, dont le développement a été planifié sans qu’elle soit jamais consultée et dont certains entendent retirer les fruits sans vouloir en assumer les nuisances.
Bruxelles Air Libre Brussel demande aux négociateurs de la Région de Bruxelles-Capitale de refuser le contenu de cette note qui n’améliore strictement en rien la situation des Bruxellois survolés, ni à court terme, ni à long terme.