Nième modification du plan de dispersion : qui va trinquer ?

Le plan de dispersion des vols en provenance et à destination de Zaventem vient d’être adapté pour la nième fois. L’association Bruxelles Air Libre Brussel veut attirer l’attention sur le fait que ce sont les habitants de l’agglomération bruxelloise, et en particulier les moins aisés, qui risquent de devenir les victimes finales des marchandages et tiraillements au sujet des nuisances aériennes.

En réponse au récent arrêt du Conseil d’État, le ministre Landuyt vient d’adapter le plan de dispersion pour la nième fois. La piste 02/20 ne sera plus utilisée le samedi, et les mouvements des avions seront transférés vers les pistes 25R et 25L. Cela signifie que c’est vers le territoire densément peuplé de l’agglomération bruxelloise que seront dirigés tous les décollages, une partie traversant toute la région bruxelloise d’est en ouest, le reste couvrant l’est de l’agglomération avant de virer soit vers le Noordrand soit vers l’Oostrand. Ces modifications sont entrées en vigueur déjà ce samedi dernier, et les Bruxellois ont eu l’occasion de s’en rendre pleinement compte.

Bruxelles Air Libre Brussel rappelle que dans les premiers plans de dispersion, l’utilisation de la piste de décollage 25R avait été supprimée tout le week-end jusqu’à 17 heures le dimanche pour compenser son utilisation en semaine de façon ininterrompue de 6 heures à 23 heures et pendant une partie de la nuit. Les différentes adaptations ont ramené ce schéma à un samedi sur deux, puis à un demi-samedi sur deux, et enfin à une suppression totale du «samedi calme ». Le ministre Anciaux a rétabli dans un passé récent la route Chabert qui garantit à Meise et environs des week-ends quasi sans survols en envoyant une grosse partie du trafic aérien pendant le week-end sur les soi-disant «quartiers de bureaux dépeuplés» de Bruxelles.

Du fait des modifications successives, telles que le rétablissement de la route Chabert, la nouvelle route du canal qui survole le centre de Bruxelles pendant la nuit, le déplacement des routes du Noordrand vers les communes situées à l’intérieur du Ring, et la nouvelle route qui passe au-dessus de la zone interdite du palais royal, les habitants de l’agglomération bruxelloise deviennent de facto les premières victimes des adaptations récentes et de la dernière modification.
Ces habitants ne disposent pas des mêmes moyens ni du même soutien que les habitants du Noordrand et de l’Oostrand et risquent donc de payer les pots cassés de ces marchandages.

Bruxelles Air Libre Brussel insiste depuis des années sur le fait que la dispersion est un non-sens.
En raison du volume du trafic et de l’enclavement de l’aéroport dans des zones résidentielles, la dispersion augmente de façon exponentielle le nombre de victimes et ne facilite pas l’exploitation de l’aéroport de Zaventem.

La seule issue est de mettre en oeuvre une politique d’aménagement du territoire qui rétablit des couloirs aériens dans lesquels les avions peuvent prendre de l’altitude sans causer des nuisances à un trop grand nombre de personnes. C’est déjà le cas depuis des années pour les atterrissages, et il n’y a pas de raison pour que cela ne puisse pas se faire pour les décollages. Ce n’est pas parce que quelques-uns s’installent dans des zones depuis longtemps fortement survolées qu’aujourd’hui tout le monde doit subir des nuisances inadmissibles qui sont contraires aux droits fondamentaux de l’être humain et plus particulièrement au droit au repos nocturne et au droit à la vie privée.
Le Ministre Landuyt a annoncé qu’il voulait couler dans un texte de loi les routes aériennes, la dispersion et les nuisances qu’il entraîne.

Bruxelles Air Libre Brussel condamne cette initiative parce qu’elle porte atteinte à la séparation des pouvoirs et représente une réelle atteinte à l’État démocratique dans lequel nous vivons.
Elle est également contraire aux directives européennes qui visent à réduire autant que possible le nombre de personnes exposées aux nuisances sonores.

L’association annonce qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le ministre de mettre ces mesures à exécution.