SNBA en croisade contre Berlin

La compagnie belge voit rouge: les autorités berlinoises veulent fermer l’aéroport de Tempelhof.
Une action en justice est en préparation.

Une grosse tuile en perspective pour SN Brussels Airlines? La jeune compagnie belge vient en tout cas d’apprendre une bien mauvaise nouvelle: l’intention des autorités berlinoises de fermer le 31 octobre prochain l’aéroport de Berlin Tempelhof, l’aéroport historique de la capitale allemande qui accueille chaque année de l’ordre de 500000 passagers. Une intention qui n’est pas du tout du goût de SNBA, qui opère, avec ses Avro AJ 85 et 100, 8 rotations par jour la semaine, 6 le samedi et 4 le dimanche, ce qui en fait le plus gros opérateur sur le tarmac de Tempelhof. SNBA joue donc gros: Berlin Tempelhof est, au niveau des capacités offertes, l’une des cinq ou six plus importantes destinations du réseau européen de la compagnie belge avec des villes comme Birmingham, Manchester, Stockholm, Rome ou Madrid. Une ligne rentable également. «Nous avons l’intention de nous opposer à ce projet de fermeture de l’aéroport de Berlin Tempelhof par les moyens que nous jugerons nécessaires. Nos avocats sont en train de constituer un dossier et nous prendrons une décision dans les jours qui viennent», confirme Geert Sciot, Vice-President Communication chez SNBA. Une action en justice est donc très probable devant l’autorité juridique locale, la «Obervervaltungsgericht».

Le projet de fermeture de Berlin Tempelhof s’inscrit dans la volonté des autorités berlinoises de rationaliser l’offre aéroportuaire. Aujourd’hui, outre l’aéroport historique de la ville (le bâtiment principal est classé), Berlin compte deux autres aéroports, à savoir Tegel, où Lufthansa a ses quartiers, et Schoenefeld, en périphérie, desservi par de nombreuses compagnies low cost. Les autorités entendent aujourd’hui agrandir l’aéroport de Schoenefeld pour en faire «le grand aéroport de Berlin». Quitte à sacrifier Berlin Tempelhof.

Pas d’alternative

Si SNBA est bien décidé à introduire une action devant les tribunaux pour contrecarrer les desseins des autorités berlinoises, c’est parce qu’elle estime qu’il n’existe pas à ce jour de réelle alternative à sa présence à Tempelhof. «Nous voulons continuer à opérer à Berlin. Nos résultats sur cette ligne sont très bons. Nous soutenons la volonté de la ville de Berlin d’envisager une nouvelle conception de l’offre aéroportaire. Mais il n’est pas raisonnable de fermer Tempelhof sans offrir aux compagnies qui y sont présentes (NdlR: outre SNBA, on y retrouve des compagnies comme Luxair, KLM, Swiss, Crossair, Cyrrus,…) aujourd’hui une alternative crédible. Tegel est en effet congestionné et Schoenefeld est situé à 70 kilomètres de la ville», complète Cédric Leurquin, également chargé de la communication.

SNBA apprécie, il est vrai, Berlin Tempelhof, qui présente l’avantage d’être situé dans le centre-ville, un point très apprécié par les passagers, et où les procédures de «check-in» et de «handling» sont très rapides. Et Berlin Tempelhof le lui rend bien: sur cette ligne, SNBA affiche un taux d’occupation supérieur à la moyenne de ses autres lignes (NdlR: de l’ordre de 60pc). «Le trafic diplomatique est intense entre la Belgique et l’Allemagne et Berlin est par ailleurs également une ville de «city trip». Nous attirons donc sur cette ligne une clientèle mixte: business et économique. Nos passagers sont très contents. SNBA est très populaire auprès des Allemands, ce qui n’a pas été facile à concrétiser sur le marché domestique de Lufthansa», précise encore Geert Sciot.

SNBA est donc bien décidé à défendre sa place par tous les moyens de droit.

© La Libre Belgique 2004