Des milliers d’entre eux ont manifesté leur opposition à la dispersion des vols à Zaventem.
Ils refusent toute extension de DHL et jugent la situation déjà préoccupante pour leur santé.
La mobilisation des riverains de Zaventem contre les vols de nuit de l’aéroport national aura été un succès dimanche. Entre 3000 et 6000 manifestants ont répondu à l’appel des organisateurs qui exigent notamment la fin (progressive) des vols de nuit et refusent toute amplification des nuisances (extension des activités de DHL dans la ligne de mire).
Debout sur les marches et le parvis de la Bourse à Bruxelles, la foule écoute les témoignages de victimes du bruit des avions et les revendications des associations. «Les vols de nuit tuent nos enfants. Je suis dégoûté par l’attitude de nos politiques», tonne un père de famille dont la fille de 14 ans est de nouveau sujette à des crises d’épilepsie depuis la mise en place du plan de dispersion. «On est réveillé à 2h, 3h, 4h du matin et maintenant mes notes baissent à l’école. Pourquoi nous les enfants devons-nous souffrir pour ça? J’ai envoyé une lettre à Guy Verhofstadt, mais il ne m’a pas répondu», témoigne Eve (9 ans) de Laeken.
Bénéficiant d’une météo clémente, les organisateurs haranguent (en français et en néerlandais) la foule. Réceptive, elle répond en choeur aux slogans assassins et forts. «Trop is te veel. Anciaux au poteau…» Les inscriptions sur les pancartes, les t-shirts et les casquettes traduisent l’inquiétude des riverains, leur colère et prolongent leurs revendications: «Quand DHL gagne de l’oseille, Bruxelles perd le sommeil. Non au plan de dispersion d’Anciaux. Le plan Anciaux réduit la sécurité à Zaventem», lit-on sur les panneaux. Ils sont déclinés en français et en néerlandais, ils prouvent que la problématique exclut tout relent communautaire et que le bruit dérange les habitants sans distinction linguistique.
Messe dite politiquement
En famille et sans violence, les manifestants ont hurlé leur ras-le-bol des nuisances. «Aujourd’hui, c’est déjà invivable, vous imaginez demain avec la croissance des activités de DHL. Outre le bruit, il y a aussi la pollution de l’air dont on parle peu», note Vincent Mahieu de Woluwe-Saint-Pierre. Il ajuste sa petite fille de 4 ans sur les épaules. «Les avions me dérangent la nuit et à l’école, j’ai du mal à me concentrer sur les cours. Qu’on les empêche de survoler les maisons», dit Tessa (10 ans), suivant sa mère. «Il y a une augmentation des plaintes d’insomnie, de stress, de dépression et de fatigue; ce sont des facteurs favorisant des maladies cardiovasculaires, respiratoires et neurologiques. Il faut vite réduire les vols au-dessus des communes survolées», clame le docteur Sybille de Selliers. Des politiques présents étaient en première ligne pour recevoir les flèches décochées aux partis. «Politiquement, la messe est dite. Les partis flamands veulent l’extension de Zaventem et redoutent un deuxième Vilvorde ( NdlR: fermeture de l’usine Renault). Dès que la députation permanente flamande aura délivré le permis d’exploitation à Biac le 8 juillet, il y aura recours des communes, des associations et de la Région de Bruxelles au Conseil d’Etat pour exiger sa suspension et son annulation. Nous allons demander qu’on applique à Zaventem les mêmes règles qu’à Bierset (rachats de maisons ou expropriations, isolation des habitations pour obtenir 45 dB dans les chambres à coucher, etc.)», annonce Didier Gosuin, ministre bruxellois de l’Environnement (FDF/MR).
Selon nos informations, une étude sur le coût des isolations des maisons en cas de feu vert à la requête de DHL laisse entrevoir une ardoise salée.
La manif ne fait pas l’unanimité
Si d’après les organisateurs, la manif de dimanche (de 11h à 12h30) devant la Bourse est un succès, celle-ci ne fait pas pour autant l’unanimité. Pour le BBTK (le Setca flamand) de DHL, l’attitude des associations est égoïste et méprise la situation des travailleurs à l’aéroport. «Ces groupes d’action de la périphérie est réclament la suppression des vols de nuit, qui entraînerait le départ de DHL, avec un impact direct sur les emplois de 2600 à 3300 travailleurs. Indirectement, l’emploi de 10000 travailleurs pourrait même être menacé», a indiqué Hendrik Vermeersch (BBTK). Le SFE (syndicat des fonctionnaires européens) a pris ses distances vis-à-vis de son homologue TAO-AFI. Il a envoyé une lettre au ministre Bert Anciaux (Spirit) désapprouvant l’appel lancé par le « syndicat extrémiste», qui a invité les agents de la Commission à y participer. Elle a vu le lancer de 1000 ballons noirs et a été l’occasion du coup d’envoi d’une pétition (initiative des Anglais) pour récolter un million de signatures en Europe en faveur de la fin des vols de nuit.
© La Libre Belgique 2004