Une étude de santé indique des troubles de sommeil et une hausse de l’anxiété pour les riverains de Paris-Roissy.L’effet est plus visible chez les hommes de plus de 60 ans.
PHILIPPE LAWSON
ENVOYÉ SPÉCIAL À PARIS
L’Association de défense contre les nuisances aériennes de Roissy (Advocnar) et le Collectif santé nuisances aériennes (CSNA) ont présenté samedi une étude épidémiologique sur l’impact du bruit des avions sur la santé des riverains. Il s’agit d’une première en la matière réalisée autour de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, première plate-forme européenne en termes de mouvements d’avions (1400 vols en moyenne par jour dont 162 la nuit). Les conclusions n’apportent rien de neuf si ce n’est qu’elles confirment les données théoriques du lien entre le bruit des avions et ses effets néfastes sur la santé des riverains.
Troubles du sommeil, accroissement de l’anxiété et de l’angoisse sont, entre autres, le lot des maux dont souffrent les personnes vivant sous les couloirs aériens à Roissy. «Cela fait des années que nous demandons cette étude et elle n’a jamais été faite. Les pouvoirs publics n’ont jamais pris la mesure de la gravité de ce problème de santé publique», a précisé le Dr Jean-Pierre Enjalbert, médecin (environnement, santé publique) et président de CSNA.
Le fait que les personnes à l’origine de l’étude soient a priori des responsables d’associations contre les nuisances aériennes n’enlève rien à la pertinence des résultats. L’expertise scientifique a été assurée par le Dr Eric Lainey, spécialiste des troubles du sommeil à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris). Baptisée «Insomnia», l’étude a analysé, sur base de questionnaires standards internationaux, les problèmes de sommeil et les troubles anxio-dépressifs chez un millier d’individus de 18 ans et plus dont 500 exposés aux nuisances (Gonesse et Soisy-sous-Montmorency) et le reste en dehors (Gagny, Noisy-le-Sec).
Une étude de 42000 euros
Réalisée entre le 23 février et le 18 mars 2004, elle constate également que 68 pc des survols dépassent les valeurs seuils de l’OMS (plus de 45 décibels dans les chambres à coucher). Par ailleurs, 78000 et 440000 riverains sont survolés à moins de 1000 m d’altitude. D’après l’Advocnar, les effets néfastes des nuisances sonores sont particulièrement marqués chez les hommes de plus de 60 ans (les femmes supporteraient mieux le bruit des avions) et les riverains habitant dans les communes depuis plus de 10 ans. «On observe un degré d’anxiété plus élevé chez les sujets exposés au bruit des avions», précise le Dr Lainey. L’étude ne montre pas de différence sensible quant aux scores évaluant les manifestations dépressives.
D’après le Dr Simone Nérome, présidente de l’Advocnar et médecin hospitalier, les manifestations des maux constatés par l’étude sont multiples et diverses (stress, pathologies cardio-vasculaires, réduction des performances au travail, difficultés de concentration et de récupération, résultats scolaires en baisse, etc.).
L’étude a coûté 42000 € et bénéficié du soutien financier notamment du Conseil général du Val d’Oise. Les responsables entendent maintenant interpeller les gouvernants et réclamer de nouveau la fin des vols de nuit. Ils ambitionnent de poursuivre la démarche sur d’autres pistes (pollution chimique, consommation de médicaments, impacts chez les jeunes, etc.), mais l’aspect financier limite la détermination des associations.
© La Libre Belgique 2004