Le plan Anciaux attaqué au Conseil d’Etat

Le nouveau plan de dispersion des nuisances sonores ressemble comme deux gouttes d’eau à la version précédente. Subira-t-il le même sort ?

Trois jours après la publication surprise du nouveau plan d’allocation des pistes de Bruxelles-National (et ipso facto de dispersion des nuisances sonores autour de l’aéroport), les riverains ne décolèrent pas. Parmi les réactions courroucées, celle du bourgmestre MR de Woluwe-Saint-Pierre et président de l’Union belge contre les nuisances des avions (Ubcna), Jacques Vandenhaute, qui a annoncé hier une nouvelle saisie du Conseil d’Etat.

Le 3 décembre 2003, après l’approbation par le conseil des ministres de la première version du plan de dispersion, l’Ubcna avait déjà soutenu l’action en référé de douze habitants de Bruxelles et de la périphérie est (domiciliés à Woluwe-Saint-Pierre, Crainhem et Wezembeek- Oppem) devant le Conseil d’Etat. On s’en souvient, le 19 janvier, le Conseil avait entendu leurs arguments et suspendu le plan gouvernemental.

Pour Jacques Vandenhaute, le ministre fédéral de la Mobilité Bert Anciaux (Spirit) a une nouvelle fois joué cavalier seul en présentant son « plan bis » dans le dos du gouvernement. Un plan de dispersion inchangé par rapport à la première version suspendue par le Conseil d’Etat.

Le président de l’Ubcna a dès lors averti les membres du gouvernement que de nouveaux recours en suspension, puis en annulation, seront déposés très prochainement devant le Conseil d’Etat, puisque le ministre Anciaux a simplement fait un « copié-collé » de sa première version et qu’il n’a rien changé du tout

Pour étayer sa thèse, Vandenhaute avance par exemple que, pour disperser les nuisances, le nouveau plan prévoit toujours une utilisation importante de la piste secondaire 02/20 de l’aéroport : une piste plus courte et plus dangereuse que les autres qui, jusqu’ici, n’était employée que dans des conditions météo exceptionnelles. Or, parmi les griefs formulés par le Conseil d’Etat figurait un important chapitre relatif à la sécurité aérienne, notamment par rapport à l’utilisation des pistes.

Bruxelles Air Libre, l’autre association qui coalise les riverains de Bruxelles-National, relève pour sa part que le plan Anciaux n’a aucune crédibilité parce qu’il ne se base pas sur le cadastre de bruit réel exigé par l’accord de gouvernement, et parce qu’il refuse de considérer la densité des populations survolées.

Comme l’Ubcna, Air Libre doit constater que le nouveau plan n’est que la copie conforme du précédent, assortie de quelques considérations « scientifiques » destinées à faire croire au Conseil d’Etat qu’il a tenu compte de ses reproches.

Au-delà, l’association déplore surtout que, pendant que le ministre occupe la galerie et soigne ses intérêts électoraux, un certain nombre de réformes concrètes sont laissées en jachère. Et de citer la constitution d’une « police du ciel » chargée de veiller au respect des procédures aériennes, l’obligation faite aux pilotes de prendre de l’altitude plus vite afin d’éviter les zones densément peuplées ou la constitution, par les compagnies aériennes, d’un fonds destiné à financer l’isolation ou l’expropriation des maisons les plus exposées au bruit.