rtbf.be 13/04/2016
Il s’appelle Laurent Ledoux. Il est le président du SPF Mobilité. Ce n’est pas la première fois que vous entendez son nom. Laurent Ledoux était déjà en guerre ouverte avec sa ministre de tutelle, à l’occasion des révélations à propos du dossier « Clifford Chance », ce cabinet d’avocat choisi par la ministre sans procéder à un appel d’offres.
Cette fois, tous les ponts semblent coupés entre les deux personnalités. Laurent Ledoux attaque Jacqueline Galant (MR) comme jamais. Dans une interview exclusive accordée à la RTBF, il pointe l’attitude de la ministre de la Mobilité et de son cabinet.
« Aujourd’hui, nous avons 6 inspecteurs de sûreté et c’est manifestement trop peu pour assurer l’ensemble de nos missions dans les six aéroports du pays. Il nous en faudrait, au moins, trois de plus. »
« Il y a un grave dysfonctionnement«
Pour Laurent Ledoux, des montants prévus pour la sécurité aéroportuaire n’auraient pas dû être accordés à Belgocontol. « Comme nous avions appris que 400 millions étaient réservés pour la sûreté, nous avons fait une demande en ce sens. La ministre projetait de demander 25 millions d’euros pour Belgocontrol de cette manne de 400 millions. Or, Belgocontrol n’est pas directement responsable de la sûreté. Nous avons formellement demandé, lors d’un comité de direction, le 1er février, de pouvoir introduire une demande, au travers de la ministre, pour un renforcement de l’équipe de sûreté aéroportuaire dans le cadre de cette enveloppe. Et cette demande a été refusée. »
Dans l’esprit du patron de l’administration de la Mobilité, c’est la relation entre cette administration et la ministre qui pose problème. « Je pense qu’il y a un grave dysfonctionnement. De manière systématique, l’administration n’est pas écoutée par la ministre. C’est bien plus grave que cela. Nous sommes mis à l’écart de la plupart des dossiers. »
« Si on continue comme cela, on va dans le mur«
Et ce manque de collaboration ne daterait pas d’hier : « Depuis un an et demi, nous essayons de conscientiser le cabinet d’une certaine réalité, mais dans une série de domaines, nous sommes mis à l’écart et il est difficile de fonctionner dans ces conditions-là. »
À la question « Pensez-vous que vous auriez pu faire bouger les choses, mais qu’on ne vous a pas laisser faire ?« , le patron de l’administration de la mobilité répond : « On peut le formuler de cette façon-là. Certains doivent prendre conscience que si on continue comme ça on va dans le mur« .
Entre l’administration et la ministre Galant, la situation est-elle tenable ? « Seul l’avenir nous le dira, c’est difficile… très difficile. »