Effet environnemental des trainées de condensation
(02-04-2025)

Airbus et l'Europe s'attaquent enfin à l'effet environnemental des traînées de condensation

Source : Le Soir (2 avril 2025)

On sait maintenant qu'elles polluent sans doute autant que le CO2 des réacteurs. Un consortium de dix partenaires, soutenus par l'Europe, analyse comment les diminuer ou les éliminer.

C'est souvent grâce à elles qu'on repère le passage d'un avion en haute altitude. Les « traînées de condensation Â» (« contrails Â» en anglais, plus synthétique), ces longues traînées blanches qui subsistent parfois pendant des heures, participent aux émissions nocives de l'aérien. On s'est longtemps demandé si elles avaient un impact environnemental. Aujourd'hui, rares sont ceux qui en doutent encore : leur effet serait même sans doute au moins aussi nocif que les émanations de CO2.
Encore faut-il mieux les analyser. Avec, à terme, la possibilité d'en faire porter la responsabilité au secteur de l'aviation. Donc, l'obligation de s'en débarrasser ou d'en payer les conséquences, dans tous les sens du terme.
Airbus, avec le soutien de l'Union européenne et à travers le consortium Pacific (dix partenaires issus de quatre pays européens), vient de lancer un projet pour « étudier l'impact de la composition du carburant et du cycle moteur sur les émissions de particules, depuis les essais en laboratoire jusqu'aux essais au sol en grandeur réelle Â». Au-delà de cette définition théorique, le projet vise ce que l'aviation appelle les émissions « hors CO2 Â» et dont les traînées de condensation constituent l'effet principal.

On sait déjà que ces traînées sont liées à la condensation des vapeurs d'eau émises en altitude (entre 30.000 et 40.000 pieds) par les réacteurs des avions dans un air froid et qu'elles sont plus nombreuses en Europe, au-dessus de l'Atlantique Nord et de l'Amérique du Nord. Si cet air froid est sec, ces traînées disparaissent rapidement et n'ont pas ou très peu d'impact. Par contre, si cet air froid est humide, il y a un effet de « surfusion Â» de cette condensation autour des suies de combustion (des impuretés rejetées par les réacteurs). La traînée devient alors plus importante et, surtout, beaucoup plus persistante, parfois des heures.
Ce sont ces traînées qui génèrent des nuisances environnementales contradictoires. D'un côté, elles participent au refroidissement du climat (elles réfléchissent une partie du rayonnement solaire). De l'autre, elles participent au réchauffement climatique (participation à l'effet de serre). Globalement, c'est ce dernier impact qui serait le plus important, d'autant que le rejet d'une partie des rayons solaires n'intervient que de jour, l'effet de serre, lui, étant constant.

Utile, imaginable, rentable ?

Chez Airbus, on souligne une potentielle bonne nouvelle, d'abord : « Des études récentes suggèrent que l'utilisation de carburants d'aviation durables (SAF) pourrait réduire les particules de suie et les cristaux de glace des traînées de condensation. Â» L'étude menée par le consortium Pacific vise donc, notamment, « la compréhension de la formation de suie lors de la combustion du carburant, la quantité de particules fines émises à différents niveaux de puissance moteur (au sol et en vol). Un autre aspect clé consiste à évaluer la contribution de ces particules à la formation de cristaux de glace, facteur majeur de formation de traînées de condensation. Enfin, le projet évaluera les effets climatiques plus larges de ces émissions, en examinant l'influence de différentes compositions de carburant et de différents réglages moteur sur la formation et les propriétés des traînées de condensation, ainsi que leur impact sur le réchauffement climatique. Â»
Airbus participera donc notamment à l'étude des effets selon l'utilisation de différents carburants, mais aussi sur la modélisation et la prévision de la formation des traînées de condensation, afin de vérifier s'il est utile/imaginable/rentable d'éventuellement adapter les plans de vol aux conditions météorologiques à travers un autre projet européen (Ciconia), dont l'objectif est, entre autres, de mieux détecter les zones saturées en humidité.
Le projet Pacific est prévu jusqu'en juin 2028. Ses résultats concerneront évidemment l'ensemble du secteur aérien, mais également Airbus dans la conception de ses nouveaux appareils, en attendant de plus hypothétiques avions à hydrogène, dont on ignore actuellement les éventuelles émissions « hors CO2 Â», mais pour lesquels il ne devrait plus y avoir d'émissions de CO2 à la sortie des réacteurs.

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