Pourquoi les compagnies aĂ©riennes proposent des vols de moins d’une heure

Rtbf.be
28 juillet 2019

L’an dernier, prĂšs de 300.000 personnes ont choisi l’avion pour voyager entre Bruxelles et Amsterdam. Le nombre de voyageurs sur cette ligne a augmentĂ© de 8,4% par rapport à 2017. Pourquoi les compagnies aĂ©riennes proposent-elles des vols pour une distance de 150 kilomĂštres ?

Selon les chiffres rĂ©vĂ©lĂ©s par « BRUtrends » (Brussels Airport), prĂšs de 277.787 personnes ont pris l’avion pour aller de Bruxelles Ă  Amsterdam. Au quotidien, ce sont donc 760 personnes en moyenne qui effectuent ce trajet de moins d’une demi-heure.

Cette liaison aĂ©rienne, qui dure une cinquantaine de minutes, est souvent critiquĂ©e pour son impact environnemental. Plus tĂŽt dans l’annĂ©e, le Parlement des Pays-Bas avait affichĂ© son intention de supprimer cette connexion. Une telle interdiction irait toutefois Ă  l’encontre des rĂšgles de libre-Ă©change europĂ©ennes, a rĂ©pliquĂ© le ministre nĂ©erlandais en charge de la matiĂšre.

Bruxelles-Amsterdam

La compagnie aĂ©rienne nĂ©erlandaise KLM propose jusqu’à 7 vols par jour sur une distance de 150 kilomĂštres Ă  vol d’oiseau. Dans la grande majoritĂ©, il s’agit de vols de transit entre les deux capitales voisines.

Or, il est aussi possible de prendre le train. Les trains Benelux relient Schiphol et au Brussels Airport, mais le temps de trajet entre les deux aĂ©roports dĂ©passe les deux heures. Aujourd’hui, aucun train Ă  grande vitesse ne s’arrĂȘte au Brussels Airport. Une personne venant d’Amsterdam ou de Paris en Thalys et souhaitant se rendre Ă  l’aĂ©roport de Zaventem doit alors changer de train Ă  Bruxelles-Midi.

La compagnie Thalys n’a Ă  ce stade pas l’intention de faire passer ses trains par l’aĂ©roport de Bruxelles, car cela allongerait le temps de trajet des autres voyageurs. KLM explique quant Ă  elle : « Le train constitue une bonne alternative aux vols pour les trajets de moins de 700 kilomĂštres, si la liaison est bonne et rapide. Pour l’instant, 16% des passagers venant de Bruxelles prennent dĂ©jĂ  le train vers Schiphol. Nous sommes en train de regarder comment mieux relier les services avion et train. »

Amsterdam-Bruxelles est la plus courte liaison du Brussels Airport et la 28e plus populaire. Deux autres destinations courtes (300 Ă  350 kilomĂštres Ă  vol d’oiseau) sont plus prisĂ©es : Londres, 5e avec 688.333 passagers en 2018, et Francfort, 9e, avec 589.109 passagers. Paris, un vol de 250 kilomĂštres, ne figure pas dans le top 30 des destinations du Brussels Airport.

Low cost vs. traditionnel

Bart Jourquin, professeur de transport et de mobilitĂ© Ă  l’UCL, explique que KLM utilise les avions pour de courts trajets en vue de remplir d’autres grands avions de long courrier. « Contrairement au modĂšle low-cost oĂč les passagers ne sont pas amenĂ©s Ă  changer, les compagnies traditionnelles fonctionnement sous forme de hub. Elles ont un ou deux aĂ©roports principaux. Si on ne sait pas les remplir Ă  l’aĂ©roport de dĂ©part, on amĂšne des passagers de pays pĂ©riphĂ©riques vers ces aĂ©roports principaux pour pouvoir remplir ces gros avions« , prĂ©cise-t-il.

En raison des subventions sur le kĂ©rosĂšne, le marchĂ© aĂ©rien est trop bon marchĂ© par rapport Ă  son vĂ©ritable coĂ»t. Le professeur estime que rĂ©server des voitures de train pourrait coĂ»ter moins cher aux compagnies aĂ©riennes que de faire le trajet en avion : « C’est comme un tour-opĂ©rateur qui achĂšte la moitiĂ© d’un hĂŽtel. En fonctionnant comme ça, il est possible d’obtenir des prix intĂ©ressants. »

Paris – Bruxelles

De son cĂŽtĂ©, Brussels Airlines ne propose pas de vols entre Bruxelles et Amsterdam. La compagnie belge offre nĂ©anmoins des liaisons entre Bruxelles et Paris, souvent pour les Français intĂ©ressĂ©s de partir en Afrique depuis la Belgique. Kim Daenen, porte-parole de Brussels Airlines, explique : « 98% des passagers sur ces vols sont en transit Ă  Bruxelles avec comme destination finale l’Afrique. »

Selon elle, diffĂ©rents freins expliquent pourquoi sa sociĂ©tĂ© opte pour l’avion pour un trajet de 250 kilomĂštres : « Il faut reprendre les bagages dans le train, les enregistrer et ce n’est pas confortable pour les passagers. Les voyageurs Ă  destination de l’Afrique ont beaucoup de bagages. C’était trĂšs difficile avec le Thalys de prĂ©voir quelque chose qui Ă©tait attractif pour eux. »

La compagnie belge avait essayĂ© de conclure un accord avec Thalys, mais a abandonnĂ© faute de gare Thalys Ă  Zaventem. Pourtant, d’autres compagnies ont optĂ© pour des alternatives sur cette mĂȘme ligne : la compagnie Air France propose de prendre le Thalys vers l’aĂ©roport de Charles de Gaulle depuis Bruxelles-Midi.

Le professeur Bart Jourquin estime que le prix payĂ© par les usagers pour le transport aĂ©rien est anormalement faible et veut responsabiliser la classe politique : « La volontĂ© politique n’est pas suffisante pour augmenter le coĂ»t du billet d’avion. Le kĂ©rosĂšne, le diesel des avions, n’est pas taxĂ©, contrairement au diesel routier ou le carburant utilisĂ© par les trains. Il y a une rupture dans la concurrence qui est anormale. »