« La piste de l’aéroport doit reculer de 1.800 mètres ». Guy Vanhengel

LA LIBRE – 18 février 2017

Le ministre bruxellois donne du temps au fédéral dans le dossier du survol. Le gouvernement bruxellois doit changer de méthode, dit-il. Le stade national peut encore être prêt en 2020. Malgré les « sabotages ».

Guy Vanhengel est ministre Open VLD du Budget à la Région bruxelloise. Son parti est au pouvoir en Flandre, au fédéral et à Bruxelles. Pour « La Libre », il évoque les trois grands dossiers chauds du moment : le survol de Bruxelles, la gouvernance et le projet de nouveau stade national.

La Région bruxelloise en appelle au fédéral dans le dossier du survol. Votre parti y est représenté. Vous relayez ?

Dans les délais qui sont fixés maintenant, je ne vois pas comment on peut s’en sortir. Je suis d’Evere, la commune où l’activité aéronautique a démarré en Belgique. L’aéroport de départ s’est d’abord déplacé vers Melsbroek. En 1958, quand l’exploitation commerciale a démarré on a décalé vers Zaventem. Et puis la ville a grandi, l’activité de l’aéroport aussi. La logique serait de continuer à faire reculer l’aéroport.

Cela veut-il dire que la Flandre doit accepter plus de nuisances ?

La dispersion des nuisances doit se faire selon la densité de la population.

De combien l’aéroport doit-il reculer ?

L’idéal, c’est 1 800 mètres. C’est l’option la moins chère : 800 mètres ont déjà été expropriés. Mais essayer de régler cela en alimentant le conflit n’a aucun sens.

Qu’allez vous faire dès lors ?

A Bruxelles, il ne va rien se passer. Les normes de bruit sont là. Point à la ligne. La Flandre prépare un nouveau conflit d’intérêts mais nous, on ne bougera pas.

Côté francophone, on a l’impression que la Flandre veut développer l’aéroport sans subir les nuisances. Le beurre et l’argent du beurre en somme.

Juste. Et la perception flamande, c’est quoi ? La même… Mais par rapport à Bruxelles.

Mais cela fait deux ans et demi que rien ne se passe au niveau fédéral…

On doit laisser le temps au ministre Bellot. C’est un homme de raison… discret. Mais jusqu’où le kern le laisse aller ? Ce n’est pas parce qu’il a la compétence qu’il a le mandat pour progresser.

Votre gouvernement est allé en justice et vos normes pourraient faire fuir des compagnies. A-t-on le luxe du temps ?

Oui. La soupe ne sera pas mangée aussi chaude qu’elle est servie. L’exagération par rapport aux amendes n’est pas très intelligente de la part de Brussels Airport. C’est contraire à leurs intérêts. Manifestement, comme dans tous les dossiers, la N-VA joue aussi un rôle « anti-Brussel ».

Quel est votre message au fédéral ?

Laissons travailler Bellot de façon discrète avec des acteurs mandatés dont la première tâche sera de suivre l’effet de l’application des normes bruxelloises. Nous n’allons pas revenir dessus mais il est utile d’objectiver les choses. Travaillons sur l’avenir de l’aéroport afin de déterminer qui va prendre en charge les investissements pour reculer les pistes. C’est sur cette base qu’il faudra créer une loi aéroportuaire et une autorité de contrôle indépendante. Si François Bellot parvient à ficeler cela pour la fin de la législature pour que ce soit repris tel quel par les prochains gouvernements, on aura fait un bon travail.