Alain Deneef, prétendu défenseur de Bruxelles, se mue en lobbyiste pour l’aéroport de Bruxelles-national, lettre ouverte de l’association -Au cœur de l’Europe-

Jeudi, le 03 septembre 2015

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Monsieur le Président de Brussels Metropolitan,

C’est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance de votre récente interview dans le dernier numéro du magazine Bruxelles Métropole (BECI).

http://onlinetouch.be/beci/2015-dot-09-bruxelles-metropole#/21

Vous y développez mot pour mot les arguments du CEO de Brussels Airport pour un maintien du statu quo de la situation actuelle des nuisances aériennes causées par cet aéroport mal situé et mal géré en terme environnemental et de santé publique.

Sans doute n’est ce pas sans lien avec le fait que ce magazine est lui même subsidié par Brussels Airport. 

Mais dans ce cas, il serait plus juste de vous positionner publiquement comme lobbyiste de Brussels Airport plutôt que comme un défenseur de l’avenir de Bruxelles. 

Les nombreux mensonges et inepties que vous développez dans cet article pour défendre sans nuances Brussels Airport sont en effet inacceptables venant de quelqu’un qui prétend être “un spécialiste des questions urbaines”,  et avoir été l’initiateur des « États généraux de Bruxelles, une action pour mobiliser la société civile autour de l’avenir de Bruxelles”. 

Contrairement à vos affirmations, en réalité, c’est Brussels Airport qui parasite Bruxelles, et est un grave problème de santé publique pour plusieurs centaines de milliers de citoyens:

  1. L’environnement de Brussels Airport est beaucoup plus favorable aux compagnies aériennes qu’au million et demi d’habitants qui vivent dans l’agglomération Bruxelloise.

Vous vous plaignez des normes de bruit Bruxelloises mais vous oubliez que  Bruxelles est l’une des très rares capitales Européennes à être survolée à basse altitude.  C’est même la seule à être survolée au décollage la majorité des jours de l’année – alors que les solutions de contournement existent.

Notre Livre noir détaille tous les comparatifs des aéroports  http://www.coeur-europe.be/images/Comparatif/LivreNoir-ExecutiveSummary.pdf  et Monsieur Feist lui-même a reconnu que la route du Canal qui transperce Bruxelles est une aberration qui ne devrait pas exister.

Non seulement Brussels Airport est l’un des aéroports les plus laxistes d’Europe, mais c’est le seul grand aéroport à ne pas surtaxer lourdement les avions bruyants, comme le font tous les autres aéroports, souvent dès 18 h le soir.  Seuls les aéroports Russes et Turcs font exception à cette règle!

N’oublions pas non plus la consommation en kérosène des avions au décollage de Brussels Airport et sur leurs premiers km, équivalente à celle de tous les automobilistes Bruxellois sur la RBC (300,000 litres/jour).  Il faut savoir que les études menées à Schiphol et Los Angeles indiquent toutes une concentration très forte en particules fines et ultra-fines jusqu’à 10 km sous le vent des pistes de décollage!

  1. Vous passez sous silence la nécessité de fermer l’aéroport de nuit, de 22h à 7h. 

Les principaux aéroports Allemands (Berlin Tegel, Düsseldorf, Frankfurt, Hamburg, Münich), les aéroports Suisses et beaucoup d’autres ont déjà interdit les vols de nuit car c’est un point clé pour respecter la santé et le bien-être des populations.

La même évolution à Bruxelles entrainera le déplacement des vols cargo de nuit et des vols charters du matin vers d’autres plateformes, comme partout ailleurs:

– Frankfurt est le premier aéroport de fret Européen et fonctionne parfaitement sans vols de nuit. Les vols cargos de nuit de DHL sont assurés à Frankfurt Hahn, distant de 100 km.

– Les principaux hubs de DHL en Allemagne et en Angleterre sont situés à 120 et 140 km de Berlin et de Londres, sur des plateformes qui permettent d’éviter le survol des populations.

– Pour les vols commerciaux du matin, Ryan Air assure trois fois plus de vols à Eindhoven qu’à Bruxelles sans jamais y décoller avant huit heures du matin.

Notre étude économique détaillée prouve que la fermeture de Brussels National pendant la nuit sera bénéfique, en particulier pour les travailleurs: http://www.coeur-europe.be/images/Comparatif/NightCurfewEconomicAnalysis.pdf

  1. Les vols de cargo pur n’ont rien à faire à Bruxelles

Les grands opérateurs du fret (transporteurs du ‘dernier mile’ et les opérateurs internationaux) sont déjà présents sur les deux aéroports de Liège et de Zaventem pour servir leur différents clients.

Séparer les activités de cargo-pur du belly freight n’entrainera aucune rupture dans leurs opérations, contrairement à ce que vous prétendez.

La séparation de ces deux activités est non seulement nécessaire pour que Bruxelles ne soit pas la poubelle sonore de l’Europe, elle sera économiquement bénéfique car elle permettra de concentrer les activités de transport de marchandises dans les zones où les coûts de fonctionnement sont les plus faibles.

  1. Le développement de Brussels Airport procure très peu d’emplois directs aux Bruxellois

Les touristes et hommes d’affaires qui visitent Bruxelles sont tous habitués à des aéroports situés à 30 ou 40 kilomètres des capitales:  L’utilisation de pistes plus éloignées du centre ville ne nuira pas à notre économie, bien au contraire.  Qui souhaite déjeuner place Sainte Catherine avec un avion au dessus de sa tête toutes les trois minutes?

Les 2,000 Bruxellois qui travaillent sur la zone aéroportuaire ont des emplois mal payés qui seront parmi les premiers à être automatisés. Ces emplois représentent moins de 1% des emplois dans les restaurants, les commerces, et l’artisanat destiné aux Bruxellois.  Cette proportion ne changerait guère avec un doublement du traffic aérien!

La pollution de l’aéroport est une gêne considérable pour beaucoup d’habitants de Bruxelles.  Pourquoi risquer de les chasser hors de la ville alors que c’est Bruxelles même qui permet à l’aéroport et à ses employés Flamands d’exister?

  1. Le déplacement de l’aéroport serait en fait un bienfait économique

Dans une économie de marché, est-il légitime pour un fournisseur (l’aéroport) de parasiter autant ses propres clients?

En développant nos autres aéroports comme ceux de Liège, Charleroi, Ostende, Beauvechain ou Zoersel, ou en créant de toute pièce un nouvel aéroport moderne et performant à Eksaarde, les résultats seront sensiblement les mêmes:

– Une croissance économique plus rapide car avec des coûts optimisés et dans de meilleures conditions environnementales,

– Près de 1,000 hectares libérés à la porte de la capitale de l’Europe pour y développer des activités à haute valeur ajoutée.

L’aéroport de Brussels National hérité de la seconde guerre mondiale est très mal organisé d’un point de vue de l’espace urbain.  Trois milliards d’euros de terrains constructibles sont aujourd’hui bloqués aux portes de Bruxelles!

Non seulement la libération de cet espace permettra d’éviter de dévorer les espaces verts en région Bruxelloise, mais cette somme permettrait largement le financement d’un nouvel aéroport, si nécessaire.

Il faut raisonner globalement, et non comme un lobbyiste au service de la BIAC, l’un des principaux sponsors de Brussels Metropolitan. De grâce, ne mentez plus aux Bruxellois!

Bien à vous,

Jean-Noel Lebrun
www.coeur-europe.be