Une solution structurelle pour Zaventem

Notre commentaire : Un Edito tout simplement pertinent !

lesoir.be
3 avril 2014

La Belgique est un pays complexe. Des commentateurs y ont longtemps regrettĂ© que notre systĂšme de reprĂ©sentation politique proportionnel empĂȘche les citoyens d’y exprimer des choix francs. Ils ont observĂ© avec gourmandise des Etats voisins qui appliquent le scrutin majoritaire et permettent aux citoyens, au travers de majoritĂ©s claires, d’inflĂ©chir la dynamique des rouages de l’Etat. Longtemps, ces commentateurs ont vu dans notre systĂšme Ă©lectoral – qui nous vaut, certes, la rĂ©putation de montrer un sens du compromis exemplaire – une voie royale vers le plus petit commun dĂ©nominateur entre les partis d’une coalition, et partant vers la mĂ©diocritĂ©. Mais ça, c’était avant, comme le dit la publicitĂ©. Avant que nos politiques montrent leur capacitĂ© Ă  poser des choix exemplaires (en matiĂšre d’éthique notamment). Avant que les mĂȘmes voisins fassent la preuve des limites de leur propre systĂšme politique


Jusqu’à ce qu’arrive le nouveau dispositif de dĂ©collage depuis l’aĂ©roport de Bruxelles, le 6 fĂ©vrier dernier. Sans tambour ni trompette. Un plan inclus dans les accords de gouvernement de 2008 et 2010, et auquel tous les partis du gouvernement – le FDF aussi –, Ă  l’époque, ont souscrit. Ce plan n’avait pas Ă©tĂ© annoncĂ© Ă  la population bruxelloise. Et une sĂ©rie de communes qui jusque-lĂ  connaissaient la sĂ©rĂ©nitĂ© ont Ă©tĂ© Ă©veillĂ©es en sursaut ce jour-lĂ , dĂšs 6 heures du matin, par le ballet des avions qui s’envolent. Tandis que d’autres redĂ©couvraient le plaisir des grasses matinĂ©es


Depuis, les Bruxellois concernĂ©s se mobilisent. Sollicitent leurs conseillers communaux, leur bourgmestre, leur gouvernement rĂ©gional, pour qu’ils s’opposent Ă  ces nouvelles procĂ©dures. Et si ces derniers sortent du bois, du cĂŽtĂ© des partis prĂ©sents au fĂ©dĂ©ral, qui compte trois vice-Premiers ministres bruxellois (Didier Reynders, Laurette Onkelinx et JoĂ«lle Milquet), c’est l’attentisme. On ne souhaite pas, dit-on, faire de la question un enjeu Ă©lectoral. Curieux sens de la dĂ©mocratie


Car s’il n’appartient plus aux citoyens de dĂ©cider quels sujets les concernent, cette dĂ©mocratie est bafouĂ©e. Si les partis de la majoritĂ©, tous responsables de la situation actuelle, ne peuvent admettre s’ĂȘtre trompĂ©s et rechignent Ă  remettre leur plan en question, leur responsabilitĂ© vis-Ă -vis de leurs Ă©lecteurs est engagĂ©e. Il ne s’agit pas ici de dĂ©signer un coupable. Il ne s’agit pas de se renvoyer les avions, comme une balle assourdissante, d’une zone survolĂ©e vers une autre (et l’on voit bien que la question communautaire n’est pas loin). Il s’agit d’objectiver pleinement les nuisances et d’y chercher des solutions structurelles. Si les partis gardent la tĂȘte dans le sable, faisant la dĂ©monstration d’un retour Ă  la mĂ©diocritĂ©, les citoyens n’en crieront que plus fort. A moins que pour ces partis, Bruxelles ne compte dĂ©jĂ  plus


Pierre Vassart