Les partis aboient, les avions passent…

dhnet.be
11 avril 2014

À six semaines des Ă©lections, les partis s’excitent dans le dossier « avions » avec des solutions peu crĂ©dibles.

De plus en plus de Bruxellois se mobilisent contre le bruit des avions depuis l’application du plan de dispersion, le 6 fĂ©vrier dernier. À quelques encablures des Ă©lections, tous les partis montent au crĂ©neau. Solutions crĂ©dibles ou esbroufe ?

1) Le bourgmestre d’Etterbeek Vincent De Wolf (MR) a adressĂ© vendredi par voie d’huissier Ă  Belgocontrol une sommation visant Ă  faire immĂ©diatement cesser le survol intensif de sa commune, l’une des plus denses de la capitale.

CrĂ©dibilitĂ©: Mauvaise. Ce coup de bluff de la part de Vincent De Wolf ne perturbe pas du tout Belgocontrol. “Cette sommation est Ă  l’étude dans nos services juridiques. Mais ce n’est pas nous qui dĂ©finissons les routes et les pistes utilisĂ©es donc nous allons rĂ©agir en concertation avec les autoritĂ©s publiques compĂ©tentes. Mais de toute façon, on ne change pas des routes en en clin d’oeil”, explique sereinement une porte-parole de l’office de contrĂŽle aĂ©rien.

Qui plus est, s’il suffisait d’une telle sommation pour modifier les routes aĂ©riennes, il est fort Ă  parier que tous les bourgmestres bruxellois suivraient le mouvement. Avec pour consĂ©quence, la fermeture de notre aĂ©roport national… Enfin, on peut s’interroger sur la stratĂ©gie du candidat Ă  la future ministre-prĂ©sidence qui dĂ©fend ainsi uniquement les habitants de sa commune. Les autres Bruxellois ne comptent-ils pas?

2) Quant au secrĂ©taire d’État Ă  la MobilitĂ©, Melchior Wathelet (CDH), il dĂ©posera pour le prochain Conseil des ministres (aprĂšs les vacances de PĂąques) des propositions pour soulager les nuisances, comme l’allongement du dispositif de nuit de 22 h Ă  7 h au lieu de 23  h Ă  6 h, ce qui offrirait une heure de silence en plus aux personnes survolĂ©es.

CrĂ©dibilitĂ©: Mauvaise. Pourquoi cette solution exigĂ©e par le gouvernement bruxellois depuis 2009 serait-elle soudainement appliquĂ©e? Le contexte n’a pas changĂ©: l’aĂ©roport de Zaventem est le deuxiĂšme pĂŽle Ă©conomique des Flamands aprĂšs Anvers. Ces derniers n’ont aucun intĂ©rĂȘt Ă  limiter le nombre de mouvements ou les crĂ©neaux horaires. Mais la manoeuvre aura du bon pour le CDH qui pourra dire Ă  ses Ă©lecteurs: “C’est pas nous, c’est la faute aux Flamands !”

3) Du cĂŽtĂ© d’Ecolo, on mise sur une action en cessation environnementale devant le tribunal de premiĂšre instance. Via cette procĂ©dure, la ministre bruxelloise de l’Environnement, Evelyne Huytebroeck (Ecolo), entend dĂ©montrer une violation manifeste des normes de bruit bruxelloises.

CrĂ©dibilitĂ©: Moyenne. Une action similaire avait Ă©tĂ© intentĂ©e en 2004 contre le plan Anciaux. La RĂ©gion bruxelloise avait d’abord Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©e par le tribunal de premiĂšre instance, mais la Cour d’appel de Bruxelles avait ensuite donnĂ© raison Ă  la RĂ©gion et Ă  l’IBGE en intimant Ă  l’État belge de faire cesser les infractions, sous peine d’astreintes. Pour que ce nouveau recours aboutisse, il faudra cependant que les mesures de bruit qui sont en train d’ĂȘtre rĂ©alisĂ©es prouvent une violation des normes en vigueur. Les rĂ©sultats sont attendus dans le courant du mois d’avril.