Feu vert à la folie du fret

Jules Kneepkens, le directeur général de la DGTA (Direction générale du transport aérien) vient d’autoriser la mise en service à l’aéroport de Zaventem du Boeing 747-228F (racheté à Air France) de la nouvelle compagnie Cargo B Airlines créée par Robert Kuijpers. Malgré l’absence d’inspection technique et de vol de certification, malgré le dossier incomplet. Quand on sait que les gros avions cargos comme celui-là traversent en ligne droite le ciel bruxellois à basse altitude, il y a de quoi frémir…
Les premiers départs auraient eu lieu ce week-end.

Depuis des années, les responsables politiques nous rabâchent que le problème des nuisances sonores de l’aéroport de Zaventem sera résolu par la modernisation des flottes aériennes, par l’arrivée d’appareils ultra-silencieux. On nous dit aussi que Bruxelles a impérativement besoin d’un aéroport proche pour défendre son statut de capitale de la Belgique et de l’Europe et accueillir hommes d’affaires, chefs d’Etat, fonctionnaires internationaux… Dans le même temps, on constate que l’activité qui se développe le plus à Zaventem est… le fret, activité assurée par des avions cargos qui sont pratiquement toujours des gros et vieux appareils de seconde main, forcément bruyants, et qui décollent lourdement chargés en marchandises et en kérosène. Cherchez l’erreur…

Les premiers Boeing 747-200F ont été mis en service en décembre 1972 et les derniers appareils de cette série ont été livrés en novembre 1991. Ce qui veut dire que l’appareil mis en service par B Cargo Airlines a au moins 16 ans, si pas largement plus. C’est un appareil classé « chapitre 3 » avec un QC supérieur à… 20. Il emporte 199.000 litres de kérosène et peut embarquer 374 tonnes de marchandises.

On peut aussi se demander s’il est vraiment opportun de développer encore chez nous le transport par avion de produits frais en provenance d’autres continents au moment précis où Al Gore et le GIEC se sont vu attribuer le Prix Nobel de la paix pour leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, au moment où les géants de la distribution Casino (France) et Tesco (Royaume-Uni) vont introduire l’étiquetage environnemental (bilan carbone) des produits vendus dans leurs rayons et que certains ministres de l’économie songent à étendre cet étiquetage à l’échelon national ?

Veut-on encourager les Belges à consommer encore plus de produits hors saison ayant parcouru des milliers de kilomètres par la voie des airs et à accumuler encore plus de « food miles » ? Ce n’est pas tout de faire risette aux côtés de Nicolas Hulot avant les élections ni de signer un pacte écologique. Il faut aussi prendre les mesures qui vont avec. Quel est le « bilan carbone » des fraises, des haricots et des fleurs que va nous amener à grand bruit le vieux coucou de M. Kuypers ?

Un peu de cohérence, que diable…